Dans l'ombre de la vie quotidienne, environ 11 millions de personnes en France apportent régulièrement leur aide à des proches en situation de dépendance à titre non professionnel. Néanmoins, ce chiffre pourrait être largement sous-évalué, en grande partie parce que les aidants ne s'identifient pas spontanément à cette appellation, définissant souvent leur contribution comme quelque chose de « naturel » ou « d’habituel ». Pourtant, leur engagement, que ce soit dans le cadre familial ou amical, représente une charge quotidienne lourde. Dans ce contexte, comment préserver sa propre santé en tant qu’aidant et veiller à ne pas s’oublier ?
L’aidant principal, véritable pilier de la personne dépendante
L'aidant est défini comme une personne non professionnelle qui offre une assistance principale, partielle ou totale à une personne de son entourage en situation de dépendance. Elle l’accompagne ainsi de manière continue ou occasionnelle dans les activités de la vie quotidienne : aide à la réalisation des actes de la vie quotidienne, réalisation des soins, accompagnement éducatif et social, gestion administrative, coordination des rendez-vous médicaux, soutien psychologique, vigilance constante, tâches domestiques… On imagine généralement un aidant comme étant un membre de la famille. Pourtant, il peut s’agir de n’importe quelle personne de l’entourage : ami, voisin…
Ces aidants jouent un rôle crucial dans le maintien des personnes dépendantes à domicile. Cependant, cette situation n’est pas sans conséquences. En effet, malgré leur importance, ils sont exposés à des risques d'épuisement physique et psychologique, à des défis financiers, à un isolement social, ainsi qu'à un manque de reconnaissance au sein de la famille et de la société. Des difficultés d'insertion ou un d'échec scolaire peuvent également s’ajouter, en particulier chez les jeunes aidants.
Faire face aux difficultés psychologiques
La maladie ou la situation de dépendance d’un proche est également une épreuve pour l’aidant. Être aidant engendre une charge émotionnelle et psychologique considérable, souvent sous-estimée. Les chiffres sont pourtant révélateurs : près d’un aidant sur deux fait le constat d’un impact négatif sur sa vie sociale ou familiale (45 %) et sur sa santé (53 %). Les difficultés quotidiennes que rencontrent les aidants provoquent un état d’épuisement réel, de surmenage dans plus de six cas sur dix (62 %). Trois quarts des aidants ressentiraient aussi un besoin de répit pour souffler (74 %), révélant ainsi le poids de cette charge au quotidien.
Il n’est par ailleurs pas rare qu’un aidant souffre de stress chronique (se manifestant par une anxiété, voire une dépression), des troubles du sommeil ou encore un découragement. Sentiment d’impuissance, colère, culpabilité ou solitude sont autant d’éléments pouvant survenir.
Prendre soin de soi pour prendre soin des autres
Les personnes dévouées à la prise en charge d'un proche doivent reconnaître l'importance de leur bien-être mental et physique pour être en mesure d'offrir un soutien optimal. Malheureusement, la tendance à négliger ses propres besoins est fréquente chez les aidants, qui se retrouvent souvent submergés par la culpabilité dès lors qu’ils prennent du temps pour eux. Cependant, il est essentiel de comprendre que maintenir une bonne santé mentale et physique n'est pas un acte d'égoïsme, mais plutôt une nécessité.
Pour réussir à faire face au stress et à la pression du quotidien, des solutions naturelles existent. Médiation, exercice physique ou encore moments de détente sont autant de stratégies qu’il est possible de mettre en place pour prendre soin de soi. Des traitements naturels à base de plantes peuvent également contribuer à lutter contre le stress et l’anxiété.
Si besoin, consulter un professionnel de la santé peut être une ressource précieuse. Dans un premier temps, s’adresser à son médecin généraliste peut être une bonne solution pour faire le point sur sa situation et mettre en place une prise en charge adaptée.
Faire face à l’isolement social
L’isolement social constitue une autre conséquence fréquente du rôle d’aidant. Le manque de temps, le dévouement exclusif à ce rôle ou encore la difficulté à laisser son proche seul peuvent en effet aboutir à une perte de contact progressive avec l’extérieur.
Pour lutter contre cette situation, il existe différents lieux partout en France offrant un accompagnement et un soutien aux proches aidants. Qu’il s’agisse de rencontres physiques entre aidants, de sites web dédiés aux aidants ou de plateformes téléphoniques, chacune permet de s’informer et d’échanger. Participer à ces initiatives offre l'opportunité de dialoguer avec d’autres aidants et de trouver du soutien : ne pas rester seul face à ses doutes et ses interrogations, trouver des réponses pratiques à ses problèmes ou partager des expériences communes. Étant donné que ces dispositifs ne sont pas encore généralisés, il est recommandé de se renseigner auprès des organismes locaux de sa région ou de son département.
Faire face à la fatigue physique
Assurer le quotidien d'un proche dépendant engendre fréquemment une fatigue, tant sur le plan psychologique que physique. Des maux de dos aux palpitations, en passant par les troubles digestifs, la fatigue chronique et les variations de poids, les conséquences physiques sont nombreuses.
Du temps pour soulager les aidants
Une solution pour soulager les aidants a été instaurée par la loi du 28 décembre 2015 sur l'adaptation de la société au vieillissement, introduisant le droit au répit pour les proches aidants. Ce droit leur permet de solliciter un soutien temporaire pour leur proche. Voici les principales formes de répit existantes :
- L’accueil de la personne dépendante en hébergement temporaire ou en accueil de jour dans une structure adaptée à ses besoins : établissement médico-social, institut médico-éducatif, foyer d’accueil spécialisé, EHPAD…
- L’hébergement en famille d’accueil ou en maison de répit : pour une durée plus ou moins longue, à temps partiel ou complet selon les besoins.
- Des vacances ou séjours de répit, offrant des programmes adaptés à l'accueil et à la prise en charge de personnes en situation de dépendance.
Le répit peut également avoir lieu à domicile grâce à l’intervention de professionnels, ou de services tels que le portage de repas. Des professionnels comme les aides à domicile ou les infirmiers peuvent notamment accompagner les personnes dans la réalisation des actes de la vie quotidienne.
Les aidants principaux ont parfois du mal à accepter ce répit : sentiment de culpabilité, sentiment d’abandon… Pourtant, ces diverses solutions comportent de nombreux bénéfices pour les aidants comme pour les personnes aidées puisqu’ils permettent aux aidants de pouvoir prendre soin de soi et de sa santé tout en offrant à la personne aidée des activités adaptées ainsi que de nouveaux liens sociaux.
Se former pour s’économiser
La loi Montchamp de 2005 sur l'égalité des droits et des chances reconnaît le droit des aidants à bénéficier de formations spécifiques. Dispensées par des professionnels de la santé, ces formations visent à faciliter le quotidien des aidants tout en préservant leur propre santé ainsi que celle de la personne qu'ils assistent. En se formant, les aidants ont l'opportunité d'acquérir des compétences spécialisées dans les domaines des soins et de l'assistance, ce qui se traduit par une amélioration de l'efficacité et de la qualité des services fournis à leur proche dépendant.
Divers organismes proposent des formations destinées aux aidants, couvrant un large éventail de savoirs. Ces formations peuvent par exemple porter sur des gestes du quotidien, incluant des techniques spécifiques pour faciliter les activités journalières.
Prendre soin de sa santé physique
Prendre soin de sa santé physique demeure un impératif pour les aidants, malgré le rythme effréné et les contraintes imposées par la situation. Il arrive fréquemment que les aidants, engagés dans leur rôle de soutien, négligent leurs propres besoins de santé. Il est essentiel de reconnaître que, tout comme la personne dépendante qu'ils accompagnent, les aidants aussi ont besoin de bénéficier de consultations médicales régulières et d'examens nécessaires pour surveiller leur état de santé. Cette vigilance revêt une importance cruciale, d'autant plus que l'aidant lui-même peut être confronté au vieillissement ou à des problèmes de santé, le rendant ainsi également vulnérable. Prendre le temps de veiller sur sa propre santé devient donc une priorité non seulement pour assurer un soutien continu et optimal à la personne dépendante, mais aussi pour garantir la durabilité et le bien-être de l'aidant dans son rôle crucial.
Références
Vidal. (6 avril 2023). Le syndrome de l’aidant : les signes qui doivent alerter.
Pour les personnes âgées.gouv.fr. S’informer et échanger.
Mon parcours handicap.gouv.fr. (22 janvier 2023). Les solutions de répit pour les aidants.