Actuellement, plus de 800 substances chimiques manifestent des propriétés perturbatrices endocriniennes avérées ou suspectées. Présents dans de nombreux objets du quotidien, les perturbateurs endocriniens suscitent des inquiétudes grandissantes quant à leur impact sur la santé. Ces substances, inhérentes à l’environnement quotidien, représentent-elles réellement un danger ?
Définition des perturbateurs endocriniens
Les perturbateurs endocriniens, qu'ils soient d'origine naturelle ou artificielle, constituent des substances chimiques étrangères à l'organisme capables d'altérer le bon fonctionnement du système endocrinien. Cette interférence peut conduire à des effets nocifs, aussi bien pour l'organisme exposé que pour sa descendance.
Les perturbateurs endocriniens englobent une diversité de composés, dont beaucoup persistent dans l'environnement pendant de nombreuses années. Certains d’entre eux ont par ailleurs la capacité de migrer d'un compartiment à un autre, tels que les sols, l'eau et l'air, bien après leur production initiale.
Étant donné que le système endocrinien réagit à des concentrations extrêmement faibles d'hormones, la présence de ces perturbateurs, même à des concentrations minimes, peut provoquer des dysfonctionnements. Ce phénomène s'exprime par une relation dose-réponse non monotone, rendant difficile l'établissement d'un seuil de toxicité clair.
Où retrouve-t-on généralement les perturbateurs endocriniens ?
Les perturbateurs endocriniens sont présents dans de nombreux éléments du quotidien, déclinés en plusieurs substances. On les retrouve notamment dans :
- L'alimentation : les aliments eux-mêmes du fait des pesticides, mais également les contenants alimentaires et les ustensiles de cuisine (en plastique recyclé). On les retrouve aussi dans les bouteilles en plastique, les canettes, les films alimentaires ou encore les boîtes de conserves.
- Les cosmétiques et le textile : vernis à ongles, maquillage, textiles imperméables, et lingettes de toilette jetables.
- Les produits d'entretien : détergents, lessives, et lingettes jetables.
- Les médicaments : certains médicaments, tels que les traitements hormonaux de la ménopause, les contraceptifs oraux œstroprogestatifs, ainsi que des médicaments plus courants comme le paracétamol ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent également contenir des perturbateurs endocriniens.
Cette liste, bien que non exhaustive, met en lumière l'étendue de leur présence. Par ailleurs, certains secteurs professionnels, tels que l'agriculture, l'industrie pharmaceutique et chimique, sont exposés à des doses plus élevées de perturbateurs endocriniens par rapport à la population générale.
Comment agissent-ils sur l’organisme ?
Le système endocrinien regroupe les organes sécrétant des hormones : thyroïde, hypophyse, ovaires, testicules… Ce système orchestre la libération d'hormones en agissant en étroite relation avec d'autres organes. Il diffuse ces médiateurs chimiques dans la circulation sanguine pour réguler diverses fonctions corporelles telles que la croissance, le métabolisme, le développement sexuel, le développement cérébral et la reproduction.
Les perturbateurs endocriniens interviennent et perturbent ce système de manière directe ou indirecte. Dans une approche directe, ils peuvent interagir avec les récepteurs cellulaires, imitant l'action des hormones naturelles comme les œstrogènes, ou en bloquant ces récepteurs, entravant ainsi l'action des hormones. Dans une approche indirecte, ils altèrent des aspects tels que la production, le stockage, le transport, la diffusion ou l'élimination des hormones naturelles. En modifiant ou en remplaçant la production des hormones naturelles, ces substances entraînent incontestablement des répercussions sur la santé humaine.
La période d'exposition la plus critique se situe pendant la vie embryonnaire, une période de vulnérabilité accrue pour l'organisme en développement, s'étendant du développement prénatal à la petite enfance. Cette réalité souligne l'importance d'une vigilance particulière chez les femmes enceintes afin de minimiser les risques pour le développement sain de l'organisme en construction. Il convient toutefois de noter que les conséquences de cette exposition peuvent ne pas se manifester avant l'âge adulte, soulignant un mécanisme de toxicité différée par programmation.
Conséquences des perturbateurs endocriniens
Les impacts des perturbateurs endocriniens varient en fonction de la substance concernée. Et, bien que leur compréhension reste limitée, plusieurs conséquences ont pu être identifiées, comme :
- Une altération des fonctions de reproduction.
- Des malformations des organes reproducteurs.
- Le développement de tumeurs au niveau des tissus producteurs ou cibles des hormones tels que la thyroïde, le sein, les testicules, la prostate ou l'utérus.
- Une perturbation du fonctionnement de la thyroïde.
- Une altération du développement du système nerveux et du développement cognitif.
Il est important de souligner que ces effets se manifestent principalement dans la génération suivante et non chez les parents exposés, caractérisant ainsi un effet transgénérationnel. Ces constatations renforcent l'importance d'une prise de conscience précoce et de mesures préventives, notamment chez les femmes enceintes, pour minimiser les risques pour la santé des générations futures.
5 conseils pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens
Bien que l'évitement total soit un défi peu réaliste étant donné l’omniprésence des perturbateurs endocriniens dans l’environnement quotidien, quelques gestes simples peuvent considérablement limiter cette exposition.
1. Aérer régulièrement
Consacrer 10 minutes par jour à une aération quotidienne de l’espace de vie est un geste important. En effet, aérer permet de favoriser la circulation de l'air et de réduire des concentrations de substances potentiellement nocives.
2. Privilégier l’alimentation d’origine biologique
Opter pour des aliments d'origine biologique permet de limiter l'ingestion de pesticides. Ce mode agriculture garantit la non-utilisation de pesticides synthétiques, d’herbicides, d’insecticides ou d’engrais chimiques.
3. Adopter une alimentation faite maison
Privilégier les aliments frais et réduire la consommation de produits ultra-transformés est également une solution pour réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens. Cela évite par ailleurs de consommer des produits riches en additifs.
4. Choisir des produits d’entretien adaptés
Il est préférable d’opter pour des alternatives plus naturelles comme le vinaigre blanc, le bicarbonate de soude et le savon noir. L’utilisation de ces produits ne dispense néanmoins pas de respecter les consignes d'utilisation. Dans certains cas, des méthodes non chimiques peuvent même se substituer aux produits ménagers, comme l'utilisation d'une ventouse au lieu de produits déboucheurs.
5. Se protéger
Lors de l'utilisation de produits potentiellement dangereux, il est important de porter des équipements de protection appropriés tels que des gants et des masques. La limitation de l'exposition aux perturbateurs endocriniens implique également de réduire la fréquence d’utilisation de certains produits comme les peintures, les bougies parfumées ou les teintures, particulièrement pour les femmes enceintes.
En somme, les perturbateurs endocriniens sont un enjeu sanitaire, environnemental et scientifique majeur. Ces dernières années, les lois et stratégies gouvernementales se multiplient dans le but de réduire l’exposition de la population à ces substances. Et, bien qu’il soit aujourd’hui difficile d’échapper à ces perturbateurs, il reste néanmoins possible de prendre soin de sa santé en limitant son exposition tout en réalisant des détox régulières.
Références :
Institut National du Cancer. Les perturbateurs endocriniens.
INSERM. (11 août 2017). Perturbateurs endocriniens – un enjeu d’envergure de la recherche.
Santé publique France. Que sont les perturbateurs endocriniens ?