Troubles alimentaires : l’aide de l’alimentation intuitive

Les troubles du comportement alimentaire touchent des millions de personnes : adultes ou adolescents, hommes ou femmes. Derrière ces comportements alimentaires dysfonctionnels se trouvent généralement un profond mal-être, une perte de repères corporels, une quête de contrôle à tout prix. Ainsi, pour faire face à cette réalité, l’alimentation intuitive est de plus en plus mise en avant comme une approche naturelle et durable pouvant aider. Mais, comment utiliser l’alimentation intuitive pour résoudre des TCA ? Découvrez en plus à ce sujet.

La plupart du temps, lorsque sont évoqués les troubles alimentaires, on pense à des comportements visibles, parmi lesquels des vomissements, des crises de boulimie, des restrictions sévères ou encore une perte ou prise de poids soudaine. Toutefois, il ne s’agit ici que de la partie submergée de l’iceberg : les TCA sont en effet bien plus que cela. Ils sont souvent synonymes d’une grande détresse psychique, fréquemment caractérisée par un besoin de contrôle, un perfectionnisme extrême, une peur du rejet, de l’anxiété ou encore d’un traumatisme.

Ainsi, dans ce cas, l’alimentation est en quelque sorte une manière de se punir, de canaliser l’émotion, de remplir un vide. Le corps devient alors « un lieu » où se confrontent recherche d’amour de soi, désir profond de conformité sociale et souffrance silencieuse.

Vous l’aurez compris, il est important de ne pas réduire les TCA à une simple question de poids ou de volonté. Il s’agit en fait là de troubles bien complexes, mêlant à la fois des facteurs biologiques, émotionnels, sociaux et émotionnels.

Le régime peut être à la fois un déclencheur et un amplificateur des troubles alimentaires.

À l’inverse des régimes, l’alimentation intuitive est une approche qui repose sur le simple fait que le corps sait ce dont il a besoin. En effet, dès notre naissance, nous sommes dotés de signaux internes fiables (de faim, d’envie alimentaire, de satiété). Prenez l’exemple d’un bébé : s’il n’a plus faim, il s’arrête lui-même de manger, même si son biberon n’est pas fini. C’est une compétence innée et ce sont plus les injonctions extérieures qui nous en éloignent. L’alimentation intuitive est donc une invitation à réapprendre à entendre, reconnaître et suivre ces signaux. Ainsi, cela incite à se détacher de « règles » que l’on entend bien trop souvent aujourd’hui, par exemple : les glucides font grossir, le jeûne est une solution idéale pour maigrir, pas de sucre le soir. Le but est de revenir à une alimentation basée sur l’écoute, le respect et la bienveillance.

Ce sont Elyse Resch et Evelyn Tribole qui ont développé les 10 grands principes de l’alimentation intuitive. S’il ne s’agit pas de règles à suivre absolument à la lettre, ce sont toutefois des piliers importants :

1. Rejeter la mentalité des régimes : prendre conscience que les régimes à la santé physique et mentale, en plus d’échouer dans 95% des cas.
2. Honorer sa faim : comprendre qu’il vaut mieux satisfaire sa faim dès que le signal apparaît plutôt que de la repousser, pour éviter les compulsions plus tard.
3. Faire la paix avec la nourriture : autoriser tous les aliments, ne pas en diaboliser.
4. Déjouer la « police alimentaire » : s’écarter des pensées critiques liées à l’alimentation.
5. Découvrir la satisfaction : apprendre à retrouver du plaisir à manger, sans culpabilité.
6. Ressentir sa satiété : être capable de s’arrêter de manger quand le corps le demande.
7. Gérer ses émotions avec bienveillance : réussir à identifier les émotions qui se cachent derrière les envies de manger.
8. Respecter son corps : accepter qu’il existe une diversité corporelle et sortir de la haine du corps.
9. Bouger avec plaisir : faire du mouvement un moment agréable, et non une punition.
10. Honorer sa santé avec une nutrition bienveillante : manger pour nourrir son corps, sans pour autant tomber dans l’orthorexie.

Un trouble du comportement alimentaire est aussi synonyme d’une perte de confiance en soi et en son propre corps. Par le biais de l’alimentation intuitive, il est possible de rétablir cette sécurité interne. En effet, en réapprenant à identifier les signaux de faim et de satiété fournis par son corps, on (re)découvre que l’on peut se faire confiance et que le corps sait ce dont il a besoin. Et reprendre confiance en soi et en son corps est une véritable clé de la guérison : exit le besoin de contrôler chaque bouchée, chaque gramme, chaque calorie, le corps est son propre guide fiable dans l’alimentation.

Manger peut également être perçu comme une réponse automatique à une émotion négative et difficile (stress, colère, solitude, etc.) pour les personnes atteintes d’hyperphagie. Ainsi, si l’alimentation intuitive ne condamne pas cette « stratégie », c’est toutefois une approche qui aide à mettre des mots là où il y avait des bouchées avant.

De ce fait, cela permet d’apprendre de plus en plus à prendre conscience de ce qui se passe en nous, d’accueillir chaque émotion et de lui répondre de manière plus adaptée (par l’écriture, la respiration, la marche, etc.).

Attention car, se libérer des TCA ne veut pas pour autant dire « manger parfaitement ». C’est en fait mieux se connaître, se respecter et s’aimer. On peut dire que l’alimentation intuitive aide à mettre fin à ce combat incessant contre soi-même, bien que ce ne soit pas une ligne droite, mais plutôt un processus rythmé de hauts, de bas et de moments de doute. Mais, le tout dans un cadre bienveillant et évolutif.

Si l’alimentation intuitive n’est pas une solution miracle, c’est toutefois une approche qui permet une véritable réconciliation, que ce soit avec la nourriture, avec le corps et avec soi-même. Ainsi, pour les personnes atteintes de TCA, c’est une alternative précieuse et bien meilleure que les régimes et autres méthodes restrictives équivalentes. À une époque où tout pousse au contrôle, à la performance et à la conformité, l’alimentation intuitive est une manière de manger à la fois douce et respectueuse de soi et de son corps.