L'infertilité, bien que fréquemment perçue comme une épreuve décourageante, est une réalité complexe qui touche de nombreux couples désireux d’agrandir la famille. En moyenne, la probabilité d'obtenir une grossesse au cours d'un mois ou d'un cycle menstruel sans recours à la contraception est estimée entre 20 et 25 %. Cependant, dans les faits, un couple sur 8 consulte en raison de difficultés à concevoir. 10% d'entre eux demeurent dans cette situation après deux années d'essai. Des chiffres révélateurs qui soulignent la prévalence de cette problématique.
Les principales causes de l’infertilité
La cause de l’infertilité peut être d’origine masculine, féminine, ou peut résulter des deux conjoints combinés.
Chez les femmes
Diverses pathologies peuvent engendrer une infertilité. En voici les plus fréquentes :
- Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), touchant environ 10% des femmes, est responsable d’une absence d’ovulation chez la moitié des femmes affectées.
- L’endométriose, touchant également près de 10% des femmes. Outre les douleurs et les inconforts occasionnés par cette pathologie, elle peut induire des altérations du profil d'expression des gènes folliculaires, une anomalie du stock de follicules ovariens et des troubles de l'implantation embryonnaire.
- L’insuffisance ovarienne représente une autre cause significative d'infertilité. Après 35 ans, elle devient la première cause d'infertilité et ne peut être corrigée par une assistance médicale à la procréation, à moins d'utiliser un don d'ovocytes. Les femmes naissent avec un stock de follicules qui diminue au fil du temps. Cela explique que la fertilité féminine est optimale entre 18 et 31 ans, et qu’elle décline au-delà de cet âge. La fonction de reproduction devient quasiment nulle après 45 ans. En raison du recul de l'âge moyen à laquelle les femmes décident d'avoir un enfant, de plus en plus de femmes sont exposées à une insuffisance ovarienne.
- La sténose tubaire bilatérale, marquée par la réduction de la perméabilité des trompes de Fallope, bloque le passage des spermatozoïdes vers l’ovule. Cette affection, souvent liée à des infections telles que les chlamydiae, est la principale cause d'infertilité dans de nombreux pays.
D’autres types d’anomalies utérines telles que des malformations ou des fibromes utérins peuvent également être responsables d’une infertilité.
Chez les hommes
En premier lieu, l'insuffisance testiculaire constitue l'une des principales causes d'infertilité masculine. Les anomalies de la spermatogenèse, qui englobent des altérations quantitatives et qualitatives des spermatozoïdes, représentent des obstacles fréquents. Il existe une diversité d'anomalies, allant de l'azoospermie (caractérisée par une absence totale de spermatozoïdes) à l'oligospermie (marquée par un nombre très faible de spermatozoïdes), ou encore à la tératospermie (impliquant des anomalies morphologiques des spermatozoïdes). Cependant, il convient de noter que les résultats des tests utilisés pour l'évaluation de ces anomalies ne garantissent pas toujours un pronostic fiable pour le succès de la fertilité naturelle ou des techniques d'assistance médicale à la procréation (PMA).
Par ailleurs, certaines dysfonctions sexuelles chez les hommes peuvent aussi contribuer de manière significative à l'infertilité en altérant la capacité de produire ou de délivrer des spermatozoïdes fonctionnels lors des rapports sexuels. Des facteurs variés, tels que des problèmes vasculaires, hormonaux, métaboliques ou neurologiques, peuvent entraîner une dysfonction sexuelle, impactant ainsi la qualité et la quantité des spermatozoïdes produits.
Causes communes aux deux partenaires
En dehors des causes précédemment citées, il existe d’autres motifs pouvant contribuer à l'infertilité chez la femme, comme chez l’homme. Tout d’abord, certains traitements médicaux, tels que la chimiothérapie, peuvent induire l'infertilité en affectant la production de spermatozoïdes chez l'homme ou en altérant la qualité des ovules chez la femme. Les facteurs environnementaux, comme le tabagisme, peuvent également jouer un rôle en impactant négativement la qualité du sperme.
Le blocage psychologique et le stress sont par ailleurs des éléments non négligeables. Un niveau de stress élevé au moment de la fécondation serait associé à une réduction d'environ 40% des probabilités de fécondation chez les femmes. Toutefois, il est essentiel de vérifier l'absence de causes organiques sous-jacentes avant de conclure que le stress en est la cause.
Le poids, tant chez l'homme que chez la femme, peut aussi influencer la fertilité. Le surpoids a été associé à des problèmes de fertilité, soulignant ainsi l'importance d'un mode de vie sain pour favoriser la conception.
Dans 10% et 25% des cas, l'infertilité demeure cependant inexpliquée. Cette situation se caractérise par l'absence de cause identifiée, malgré des examens cliniques approfondis des deux partenaires, des bilans hormonaux et la vérification de la perméabilité des trompes chez la femme, ainsi que des analyses de spermogramme chez l'homme.
Parcours et prise en charge de l’infertilité
Quand s’inquiéter ?
Il est généralement recommandé de consulter en cas d'absence de grossesse après un à deux ans de rapports sexuels réguliers (deux à trois fois par semaine) pendant les périodes favorables sans contraception. Cependant, cette période peut varier en fonction de l'âge de la femme et des données médicales du couple, pouvant potentiellement influencer la fertilité. Dans certaines situations, comme des problèmes médicaux significatifs ou un âge avancé, cette première consultation peut être envisagée plus tôt. Traditionnellement, le gynécologue est le premier interlocuteur de ce parcours, décidant de l'orientation vers un spécialiste ou un centre spécialisé dans la prise en charge de l'infertilité.
La première consultation
La première consultation médicale a plusieurs objectifs : confirmer le diagnostic d'infertilité en évaluant sa durée, identifier des causes parfois simples et modifiables (par exemple, des lacunes dans la compréhension des processus de la fécondation et des périodes de fertilité), et envisager, après un examen médical du couple, les examens complémentaires nécessaires. Cette consultation implique la participation des deux membres du couple. Parallèlement, le médecin recherche des facteurs pouvant influencer la fertilité, que ce soit chez l'homme ou la femme. Un examen clinique approfondi est généralement réalisé. À la suite de cette première consultation et en fonction des conclusions, des examens complémentaires peuvent être prescrits, telles qu'une prise de sang, une échographie abdomino-pelvienne ou un spermogramme.
Ainsi, la première consultation constitue souvent une étape préliminaire au bilan d'infertilité complet, permettant au médecin de recueillir des informations essentielles pour orienter la suite des investigations et déterminer les examens spécifiques nécessaires.
Approches thérapeutiques de l’infertilité
On distingue deux stratégies distinctes pour traiter l’infertilité : traiter la cause sous-jacente ou contourner le problème d’infertilité. Dans le premier cas, lorsque des pathologies ou des troubles métaboliques sont identifiés, un traitement médicamenteux peut être préconisé. Par exemple, des médicaments peuvent être utilisés afin de stimuler l’ovulation pour corriger une ovulation défaillante. De plus, dans les situations où la cause de la baisse de fertilité est opérable, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Cela s'applique notamment aux conditions telles que l'endométriose, certaines malformations de l'utérus ou un fibrome utérin.
Dans le second cas, l'Assistance Médicale de Procréation (AMP), autrefois appelée procréation médicalement assistée (PMA), offre une alternative pour surmonter les défis de la conception sans traiter préalablement les causes de l'infertilité. L'objectif principal de l'AMP est d'atteindre une grossesse par des méthodes de manipulation in vitro. La Fécondation In Vitro (FIV) est une technique phare de l'AMP, particulièrement efficace pour traiter des problèmes tels que l'insuffisance testiculaire, qui englobent des conditions comme la tératospermie et l'oligospermie. Ces approches thérapeutiques offrent aux couples confrontés à l'infertilité des options adaptées à leur situation spécifique.
Par ailleurs, diverses méthodes permettant la cryoconservation des gamètes ou la préservation des capacités reproductives sont actuellement accessibles. La possibilité de préserver les gamètes sans lien direct avec une maladie, en vue de reporter une grossesse pour des motifs personnels, n’est toutefois pas une pratique autorisée en France.
Conseils non médicamenteux pour soutenir la fertilité
Parallèlement à la prise en charge médicale, certaines modifications de l’hygiène de vie peuvent contribuer à soutenir la fertilité. Cela inclut notamment :
- La gestion du poids : l’obésité diminue les chances de grossesse, augmente le risque de complications lors de la grossesse et altère les résultats des fécondations in vitro. Une maigreur excessive chez la femme est également nocive. Il est donc recommandé d’atteindre ou de garder un poids satisfaisant.
- La pratique d’une activité physique au quotidien. Bien que les femmes doivent éviter les exercices physiques trop intenses, il reste conseillé de pratiquer une activité physique régulière.
- Le port de vêtements adaptés. Pour les hommes, éviter de porter des pantalons serrés est conseillé, afin de prévenir une élévation de la température testiculaire qui pourrait nuire à la production de spermatozoïdes.
- La gestion du stress : Étant donné l'impact direct du stress sur la fertilité, la réduction des niveaux de stress est essentielle.
- Avoir une alimentation équilibrée : adopter un régime alimentaire sain est préconisé, avec une attention particulière à la consommation de caféine, surtout chez les femmes dépassant 5–6 tasses par jour, et en association avec le tabac.
- Éviter les substances nocives : Minimiser l'exposition aux pesticides et polluants organo-chlorés est recommandé.
- Penser au sevrage tabagique et à l’arrêt des drogues : l'arrêt du tabac chez la femme est souhaitable, car le tabagisme diminue la fertilité naturelle et peut avoir des effets négatifs lors de la FIV. Chez l'homme, le sevrage tabagique est recommandé avant toute AMP. De même, l'arrêt de la prise de drogues, y compris le cannabis, l'héroïne, la cocaïne et les hallucinogènes, est indispensable.
- Avoir recourt à des traitements naturels : certains compléments naturels à base de plantes permettent de soutenir la fertilité chez les femmes et les hommes.
En somme, la gestion de l'infertilité demeure une démarche au cas par cas, nécessitant une approche holistique prenant en compte les divers aspects médicaux, psychologiques et environnementaux. Les recherches actuelles continuent d'explorer de nouveaux facteurs et mécanismes, ouvrant ainsi la voie à des traitements potentiels prometteurs.
Références :
Inserm. (19 septembre 2019). Infertilité. Des difficultés à concevoir d’origines multiples.
Ameli.fr. (18 octobre 2021). Le bilan médical de l’infertilité.
Ameli.fr. (07 décembre 2021). Le traitement de l’infertilité.
Ameli.fr. (05 mai 2023). L’assistance médicale à la procréation (AMP) en cas d’infertilité d’un couple hétérosexuel.
Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNOF). L’infertilité.