Chaque année, au mois d'octobre, le monde entier se mobilise pour soutenir une cause d'une importance vitale : la sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein. Octobre rose est devenu bien plus qu'une simple campagne de sensibilisation ; c'est un mouvement mondial qui vise à informer, à encourager le dépistage précoce, à mobiliser les efforts pour vaincre cette maladie qui touche des millions de personnes à travers le monde.
Le cancer du sein est loin d’être une maladie rare
Le constat est sans appel : le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment observé chez la femme en France, ainsi qu’au sein de l'Union européenne et aux États-Unis. Il représente ainsi plus du tiers de l'ensemble des nouveaux cas de cancer chez la femme. Et, bien que le nombre de cas observés chaque année ait tendance à diminuer depuis 2005, cette maladie reste la première cause de décès par cancer chez les femmes en 2023.
Le taux de mortalité a toutefois régulièrement baissé depuis les années 80. Cela peut notamment s'expliquer par les progrès thérapeutiques ainsi que par l'évolution des pratiques de dépistages. En effet, grâce au dépistage, le diagnostic peut être établi à un stade plus précoce. Ainsi, on note un taux de survie pour les femmes diagnostiquées entre 2010 et 2015 à 88% à 5 ans. Cependant, bien qu'il s'agisse d'un cancer avec de bonnes chances de survie, elle n’en reste pas moins une maladie grave qui nécessite une mobilisation importante.
Par quoi est causé le cancer du sein ?
Normalement, les cellules de l’organisme se multiplient de manière contrôlée pour remplacer les cellules âgées ou endommagées. Or, il arrive que ces cellules ne fonctionnent pas correctement et se multiplient de manière incontrôlée. C’est ce phénomène qui est responsable de la formation d’une tumeur. Différents types de cancers du sein existent. Cependant, ce qui rend le cancer du sein particulièrement redoutable, c'est sa capacité à évoluer. En effet, les cellules cancéreuses ont la faculté de se propager à d'autres organes, un processus connu sous le nom de métastases. Généralement, le développement d'un cancer du sein prend plusieurs mois, voire plusieurs années.
Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de développer un cancer du sein. Il s’agit principalement :
- De l’âge. Près de 80% des cancers du sein se manifestent après 50 ans.
- Du mode de vie tel que la consommation d’alcool ou de tabac, un surpoids ou encore un niveau d’activité physique insuffisant.
- Des antécédents médicaux familiaux, principalement les antécédents de cancer.
- Des antécédents médicaux personnels.
- De la prédisposition génétique. En effet, 5 à 10% des cancers du sein sont d’origine génétique.
Il reste toutefois important de comprendre qu’une personne possédant un ou plusieurs facteurs de risque puisse ne jamais développer de cancer. Et, à l’inverse, qu'il est possible qu’une personne n'ayant aucun facteur de risque soit atteinte de ce cancer.
Quels sont les principaux symptômes du cancer du sein ?
Les signes les plus courants comprennent :
- Une grosseur ou une induration au niveau du sein ou de l’aisselle, parfois douloureuse.
- Une modification de la peau du sein tel qu’une déformation, une ulcération, une inflammation ou encore un changement de taille. Un eczéma ou un érythème de l’aréole ou du mamelon peut également être observé.
- Un écoulement ou un suintement au niveau du mamelon.
Malheureusement, les premiers symptômes apparaissent généralement à un stade avancé de la maladie. C’est pourquoi le dépistage joue un rôle capital dans la détection du cancer du sein.
La prévention : une étape cruciale
Le dépistage est essentiel étant donné qu'il impacte directement le pronostic vital en cas de cancer. En France, différentes méthodes de dépistages peuvent être envisagées.
Le dépistage organisé du cancer du sein
Le dépistage organisé du cancer du sein est un programme qui vise à assurer un accès équitable à la surveillance médicale pour un groupe spécifique de femmes. Ce programme cible principalement les femmes âgées de 50 à 74 ans qui ne présentent pas de symptômes apparents et qui n'ont pas de facteurs de risque élevé ou très élevé de cancer du sein.
Les femmes qui entrent dans cette catégorie sont invitées à participer au dépistage par le biais d'une lettre d'invitation envoyée par les autorités de santé. Ce dépistage est prévu tous les deux ans et comprend à la fois une mammographie, une radiographie spéciale du sein, et un examen clinique effectué par un professionnel de la santé.
En cas de découverte d'une image suspecte lors de la mammographie, un bilan diagnostique complet est immédiatement lancé pour déterminer la nature de l'anomalie. Cependant, malgré l'importance de cette initiative, le taux de participation des femmes au dépistage organisé reste encore en deçà des recommandations médicales, soulignant ainsi la nécessité de continuer la sensibilisation et l'éducation sur l'importance de la détection précoce du cancer du sein.
L’autopalpation
L'autopalpation des seins joue également un rôle crucial dans le diagnostic précoce du cancer du sein. Pour mettre en pratique cette méthode d'autosurveillance, il est impératif de suivre un ensemble de démarches simples. Dans un premier temps, il est conseillé de réaliser l'autopalpation après les menstruations, lorsque les seins sont moins susceptibles d'être enflés ou sensibles.
- Étape 1 : l’observation. Pour effectuer une inspection visuelle de la poitrine, il convient de se tenir debout devant un miroir en positionnant ses bras le long du corps. L’objectif est de surveiller l’apparition de tout élément suspect. Ainsi, il est important de rechercher tout changement de taille, de forme ou de couleur, ainsi que toute déformation ou grosseur inhabituelle.
- Étape 2 : la palpation. Pour ce faire, il faut lever le bras à examiner au-dessus de la tête. On utilisera ainsi la main opposée pour réaliser la palpation. À l’aide de l’index, du majeur et de l’annulaire, faire des petits mouvements circulaires sur l’ensemble de la surface des seins ainsi que sous les aisselles. Il est important d’appliquer une pression suffisante pour percevoir la présence d’une éventuelle grosseur ou induration. Enfin, le mamelon doit être pressé pour s’assurer de l’absence d’écoulement. Cette procédure doit également être répétée pour l'autre sein.
Il est vivement recommandé de répéter régulièrement cette autopalpation. Cette méthode est essentielle pour détecter toute modification suspecte à un stade précoce. Toutefois, il est crucial de garder à l'esprit qu’elle ne saurait remplacer les mammographies régulières et les examens médicaux.
En cas de détection d’une anomalie, une consultation immédiate auprès d'un professionnel de la santé s'impose pour une évaluation plus approfondie. Toute suspicion de cancer justifie un avis spécialisé rapide.
Comment le diagnostic de cancer du sein est-il établi ?
Lorsqu'une anomalie est identifiée lors d'un examen de dépistage ou en présence de symptômes suspects, une série d'examens est généralement nécessaire pour établir un diagnostic de cancer du sein. Le diagnostic repose principalement sur l'examen anatomopathologique des tissus prélevés à partir de la zone présentant des anomalies (biopsie).
Dans environ 90% des cas, le cancer du sein est détecté grâce à un dépistage (individuel ou organisé). En revanche, les diagnostics basés sur les premiers signes cliniques ne représentent qu'une minorité, soit 10% des cas. En 2023, l'âge moyen au moment du diagnostic était de 64 ans.
Le cancer du sein chez l’homme : une réalité encore trop peu connue
Bien qu'ils soient moins développés que chez les femmes, les hommes possèdent également des seins. Ainsi, les hommes peuvent également contracter un cancer du sein. Cette pathologie reste toutefois rare - elle représente moins de 1% des cancers du sein. Les symptômes, l’évolution de la maladie et sa prise en charge (diagnostic, traitement, suivi) sont sensiblement identiques chez l’homme et chez la femme.
En somme, Octobre rose est bien plus qu'une campagne de sensibilisation. C'est un rappel annuel de l'importance de la lutte contre le cancer du sein, de la nécessité du dépistage précoce, et de l'engagement mondial pour vaincre cette maladie dévastatrice.
Références :
Institut National du Cancer. Le cancer du sein : points clés.
Haute Autorité de Santé. (Février 2015). Dépistage et prévention du cancer du sein.
CHU de Montpellier. Ma fiche conseil – L’auto palpation des seins.
