Le papillomavirus humain, plus couramment désigné par son acronyme HPV, constitue un sujet de préoccupation majeure en matière de santé publique à l'échelle mondiale. Il s’agit d’une infection courante, pouvant malheureusement déboucher sur des conséquences graves. Au cœur de cette problématique, se trouve la vaccination au papillomavirus : une avancée médicale révolutionnaire qui suscite toutefois des questionnements, voire des inquiétudes. La campagne de vaccination prévue dans les collèges pour les élèves de 5e dès la rentrée 2023 vient par ailleurs accentuer ce débat. Cette démarche vient en effet soulever de nombreux questionnements : quel est l’intérêt de cette vaccination ? Quels sont les véritables risques ?
Le papillomavirus humain, qu’est-ce que c’est ?
Le papillomavirus humain (ou HPV) est une maladie sexuellement transmissible. Il s’agit d’une affection très fréquente : on estime en effet que 80 % des hommes et des femmes développeront cette infection au cours de leur vie. Généralement, cette pathologie se déclare au début de la vie sexuelle.
Quelles sont les conséquences potentielles de cette infection ?
Les risques associés aux HPV sont significatifs. Parmi les 200 types de HPV existants, 12 sont cancérigènes. Par conséquent, bien que la plupart de ces infections disparaissent en quelques mois, certaines peuvent conduire à un cancer. On pense principalement au cancer du col de l’utérus, et pour cause : 100 % de ces cancers sont causés par le papillomavirus humain. Cependant, ce ne sont pas les seuls cancers potentiels.
Cette infection peut également évoluer vers un cancer de l’oropharynx, du pénis, de l’anus, du vagin ou de la vulve. Contrairement aux idées reçues, les hommes sont donc aussi concernés puisqu’ils représentent 25 % des personnes touchées. Il est par ailleurs important de noter que la vaccination des garçons améliorerait aussi la protection des filles non vaccinées.
Les éléments clés de la vaccination
À qui s’adresse la vaccination contre les HPV ?
En France, la vaccination contre le papillomavirus humain n’est pas obligatoire. Toutefois, elle est vivement recommandée pour tous dès 11 ans. L’objectif premier est d’assurer une vaccination entre 11 et 14 ans afin d’assurer une protection avant le début de la vie sexuelle. Il est également possible de se faire vacciner plus tardivement (de 15 à 19 ans révolus) pour les filles et les garçons en rattrapage. De plus, les hommes ayant déjà eu des relations sexuelles avec d’autres hommes peuvent aussi être vaccinés jusqu’à l’âge de 26 ans révolus afin de réduire la propagation du virus.
Quel est l’objectif de la vaccination contre les HPV ?
Il est important de noter que cette vaccination est l'une des rares mesures préventives disponibles contre les lésions cancéreuses et précancéreuses. L'objectif de la vaccination contre les infections à papillomavirus humains est de diminuer l'incidence des lésions précancéreuses génitales, tant chez les femmes que chez les hommes. Le but est ainsi de réduire le risque de développement des cancers du col de l’utérus, de la vulve et du vagin chez les femmes, ainsi que des cancers du pénis et de l'anus chez les hommes.
Le vaccin est-il efficace ?
Oui, le vaccin contre les papillomavirus humains a démontré une importante efficacité. En effet, il prévient jusqu’à 90 % des infections responsables des cancers. Plusieurs études ont par ailleurs pu démontrer que ce vaccin contribue significativement à réduire le risque de cancer du col de l’utérus ainsi que les lésions pré-cancéreuses.
On peut notamment citer une étude réalisée en Suède, ayant apporté la preuve de cette efficacité. Dans cette recherche, il a été établi que la vaccination des femmes suédoises âgées de 10 à 30 ans permettait une réduction considérable du risque de cancer invasif du col de l’utérus. Il est aussi probable que la vaccination puisse réduire le risque de cancer oropharyngé.
Il est toutefois important de noter que la vaccination contre les papillomavirus ne permet pas de guérir une infection par HPV déjà existante. Elle se limite à une action préventive en permettant d’éviter ces infections.
Quels sont les risques du vaccin ?
La vaccination contre l’HPV fait l’objet de surveillances à échelle internationale ainsi que de nombreuses études. Les résultats de ces recherches ont par ailleurs confirmé un excellent niveau de sécurité. Une reconnaissance a également été émise par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Les effets indésirables les plus fréquents correspondent aux réactions communes à ceux des autres vaccins. Il s’agit principalement d’une réaction au point d’injection (se manifestant par une rougeur, une douleur, des démangeaisons…), de douleurs articulaires ou musculaires et de fièvre. Ces réactions sont de courte durée. Bien que très rares, des réactions allergiques peuvent également survenir. Celles-ci apparaissent rapidement après l’injection.
Il est à noter qu’aucun lien n’a pu être établi entre cette vaccination et les maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques.
Comment se déroule la vaccination ?
Bien qu’il existe deux vaccins différents contre les papillomavirus, toute vaccination doit désormais se faire avec le vaccin Gardasil 9. Ce dernier est composé de 9 souches de papillomavirus. C’est par ailleurs ce vaccin qui protège contre 90 % des cancers du col de l’utérus.
Pour un schéma vaccinal complet :
- Pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans révolus : 2 doses de Gardasil 9 doivent être effectuées. Celles-ci doivent être espacées de 6 à 13 mois.
- Pour les filles et hommes jusqu’à 19 ans, en rattrapage : il est nécessaire de recevoir 3 doses. Pour ce faire, les deux premières doses doivent être espacées de 2 mois. La troisième dose devra avoir lieu 6 mois après la première dose.
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Pour les hommes jusqu’à 26 ans ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes : il s’agit du même cas de figure que pour le rattrapage, c’est-à-dire qu'il faut recevoir 3 doses de Gardasil 9 avec un intervalle de 2 mois entre les deux premières doses. La troisième dose doit quant à elle être administrée 6 mois après la première.
Toutefois, une récente mesure gouvernementale vient d’étendre la vaccination aux élèves de 5e dans les collèges, de manière gratuite (sous réserve de l'autorisation parentale) à partir de la rentrée 2023.
Pour réaliser une vaccination contre les papillomavirus, il est possible de s’adresser à un médecin, une sage-femme, un pharmacien, un infirmier ou à un service de vaccination départemental ou municipal. Les services de vaccination du secteur public réalisent par ailleurs les vaccinations contre les HPV gratuitement.
Il est à noter que le médecin traitant occupe une position centrale dans ce processus. En effet, ce professionnel de santé est un interlocuteur privilégié capable de conseiller, d’écouter et d’orienter.
La question du dépistage du col de l’utérus
La question du dépistage du cancer du col de l'utérus revêt une importance capitale dans la stratégie de prévention globale de ces cancers. Il est essentiel de comprendre que la vaccination ne peut en aucun cas remplacer le dépistage. En effet, les vaccins ne confèrent pas une protection totale contre tous les types de papillomavirus humains (HPV) responsables de ces cancers. C'est pourquoi la prévention repose sur une complémentarité entre la vaccination et le dépistage par prélèvement cervico-utérin.
Depuis 2018, la France a mis en place un programme national de dépistage du cancer du col de l'utérus. À partir de 25 ans, toutes les femmes, qu'elles soient vaccinées ou non, doivent bénéficier d'un dépistage régulier par frottis. Cette démarche vise à détecter précocement les anomalies cellulaires et à prévenir le développement ultérieur de cancers.
Cependant, il est essentiel de reconnaître que la vaccination contre les infections liées aux HPV constitue également un moyen crucial de lutte contre certains cancers pour lesquels il n'existe tout simplement pas de dispositif de dépistage. En effet, il n’existe à ce jour pas de méthodes de dépistage pour les lésions précancéreuses et les cancers du vagin, de la vulve, de l'anus et du pénis. Dans ces cas, la vaccination demeure l'une des rares options pour prévenir ces affections graves.
En somme, la vaccination contre les papillomavirus est un outil essentiel pour prévenir les cancers liés aux HPV. En effet, celle-ci joue un rôle crucial dans la protection de la santé publique et dans la prévention des cancers potentiellement mortels. Malgré les controverses et les préoccupations, la vaccination est globalement sûre et efficace. Ainsi, les bénéfices potentiels apparaissent supérieurs aux risques potentiels. Il reste toutefois important de s'informer sur la vaccination aux HPV, de discuter de ses avantages et de ses risques avec un professionnel de la santé afin de prendre une décision éclairée en ce qui concerne la vaccination pour soi-même ou pour ses enfants.
Références :