Dans l’Antiquité, la lumière et le soleil étaient déjà reconnus pour leurs propriétés curatives. Les récentes avancées en neurosciences ont renforcé cette conviction en confirmant que la lumière exerce des bienfaits notables sur notre santé, en particulier sur notre état d'esprit. Alors que la saison hivernale s'installe, entraînant une réduction significative de la durée d'ensoleillement, la question se pose : la luminothérapie pourrait-elle être la solution idéale pour lutter contre les conséquences de ces changements atmosphériques et maintenir un bien-être mental optimal ?
En quoi consiste la luminothérapie ?
La luminothérapie, également appelée photothérapie, constitue une approche thérapeutique exploitant la lumière artificielle pour traiter divers troubles et favoriser le bien-être psychologique. Son principe fondamental consiste à simuler la lumière naturelle du soleil afin de compenser le manque de luminosité, notamment pendant les mois d'hiver caractérisés par des journées plus courtes.
La luminothérapie exerce un effet antidépresseur tout en agissant de manière positive sur divers aspects physiologiques, tels que la production de vitamine D, la régulation cardiaque et la modulation de la température corporelle. De plus, cette méthode vise à réguler le rythme circadien et à influencer la sécrétion d'hormones comme la mélatonine, associée au cycle veille-sommeil. Les bénéfices s'étendent aussi à la vigilance, la cognition et l'humeur.
Une séance de luminothérapie standard implique une exposition, dans les deux heures suivant le réveil, à une lampe d'une puissance de 10 000 lux, située à environ trente centimètres, pendant une durée de trente minutes. Cette lumière blanche, exempte d'ultraviolets, n’empêche pas au patient d'effectuer diverses activités, telles que la lecture ou l'utilisation d'un ordinateur pendant la séance. Les effets thérapeutiques se manifestent généralement après une à deux semaines d'utilisation régulière.
Indications
La luminothérapie se révèle particulièrement utile lorsque l'organisme perd sa synchronisation avec son environnement, offrant ainsi des solutions à divers troubles. Elle s'avère principalement efficace dans les domaines suivants :
- Le traitement de la dépression saisonnière, un état souvent exacerbé par le manque de lumière naturelle pendant les mois d'hiver.
- Pour les travailleurs en horaires postés: elle atténue les perturbations du rythme circadien liées à des horaires atypiques.
- Face au processus de vieillissement, où la sécrétion de mélatonine diminue. La luminothérapie peut atténuer les effets néfastes de ce déclin hormonal.
- Pour corriger les retards ou avances de phase, des troubles du sommeil liés à des décalages dans le rythme veille-sommeil.
- Dans le cas du décalage horaire, elle offre une réponse aux perturbations du rythme biologique lors des voyages.
Ces indications en font une approche thérapeutique privilégiée dans les pays nordiques, où les journées courtes et les variations saisonnières peuvent influencer significativement le bien-être mental. Des études ont même démontré une efficacité comparable entre la luminothérapie et la prise d'antidépresseurs dans le traitement de la dépression saisonnière, soulignant ainsi son rôle central.
En raison de son efficacité équivalente et de la faible présence d'effets indésirables, la luminothérapie est souvent préférée en première intention. En cas de résultats insuffisants, son utilisation en complément d'autres traitements reste envisageable, offrant ainsi une approche holistique pour le bien-être mental.
Effets secondaires notables
Les points forts de la luminothérapie résident dans son caractère naturel et son efficacité quasiment exempte d'effets secondaires, qui, le cas échéant, se manifestent généralement de manière légère et temporaire.
Les désagréments tels que maux de tête, fatigue oculaire, irritabilité, insomnie (surtout en cas d'exposition en soirée) et sensation de sécheresse oculaire sont parmi les effets indésirables occasionnels.
Pour atténuer ces réactions, le patient a la possibilité de réduire l'intensité et/ou la durée de l'exposition en optant pour une puissance lumineuse modérée (2500-5000 lux) et/ou en effectuant des séances courtes (cinq à dix minutes par jour) au cours des premiers jours. En cas de persistance des effets indésirables, il est recommandé de faire des pauses pendant la séance ou de déplacer la lampe à quelques centimètres.
Contre-indications
Par mesure de précaution, un bilan ophtalmologique préalable et une surveillance régulière sont recommandés pour les patients présentant une pathologie oculaire ou des facteurs de risque pour la rétine, tels que l'âge avancé, le diabète ou l'hypertension artérielle.
Pour des raisons de sécurité, l'utilisation de la luminothérapie est déconseillée chez les personnes sous traitement photosensibilisant comme la doxycycline, la fluoxétine, le lithium ou encore les antibiotiques de la famille des quinolones. Les personnes souffrant de troubles bipolaires doivent éviter la luminothérapie, car elle pourrait déclencher un état hypomaniaque ou maniaque. Elle reste néanmoins indiquée sous avis médical lors de périodes dépressives stables.
En ce qui concerne la grossesse, la luminothérapie peut être envisagée chez les femmes enceintes présentant des troubles dépressifs saisonniers, offrant une alternative plus sûre que les antidépresseurs. Cependant, l'exposition à une lampe de luminothérapie pendant l'allaitement est déconseillée en raison des risques potentiels de perturbation des rythmes du bébé. Les conséquences d'une exposition à une lumière intense chez le nourrisson n'ont par ailleurs pas encore été suffisamment étudiées.
Quel appareil de luminothérapie choisir ?
Devant la variété des offres d'appareils de luminothérapie, notamment sur internet, il peut être complexe de faire un choix éclairé. Cependant, plusieurs critères sont à considérer pour guider cette sélection. La puissance lumineuse de l'appareil, mesurée en lux, est un premier paramètre crucial, les experts préconisant une puissance d'au moins 10 000 lux pour des résultats optimaux (surtout dans le traitement de troubles tels que la dépression saisonnière).
Un autre aspect à prendre en compte est la couleur de la lumière émise, avec une préférence pour une lumière blanche dépourvue d'ultraviolets pour éviter tout risque pour la peau et les yeux. L'utilisation d'un filtre à rayons UV s'avère nécessaire afin de garantir la sécurité lors d'un traitement régulier par la luminothérapie, en contrecarrant les effets nocifs des rayons UV émis par les ampoules fluorescentes (qui ne présentent par ailleurs aucun avantage thérapeutique).
Opter pour un appareil certifié conforme aux normes de sécurité et de qualité est vivement recommandé, avec une attention particulière portée au marquage CE, indispensable pour attester de la conformité aux normes européennes. Cette réglementation vise à préserver les utilisateurs des risques liés à des fabricants négligents, privilégiant le prix à la qualité. Tout appareil dépourvu du marquage CE est susceptible d’émettre des rayonnements dangereux pour la peau et/ou les yeux.
Simulateur d’aube et luminothérapie : quelles différences ?
La distinction entre le simulateur d'aube et la luminothérapie repose sur leurs objectifs et leurs mécanismes d'action. Les simulateurs d'aube, bien qu'ils n'appartiennent pas à la catégorie des lampes de luminothérapie, utilisent la lumière comme moyen d'instaurer un réveil progressif et en douceur.
Leur principale finalité est d'agir en stimulant la synthèse du cortisol à travers les paupières (les yeux étant plus sensibles dans les dernières heures du sommeil). Cette augmentation de cortisol agit comme un booster métabolique, facilitant le processus d'éveil.
Bien que les résultats dans le traitement de la dépression saisonnière soient encourageants avec les simulateurs d'aube, ils ne rivalisent généralement pas avec l'efficacité des lampes de luminothérapie. Les simulateurs d'aube peuvent néanmoins être recommandés en complément des lampes afin de favoriser le réveil. Leur activation progressive, débutant un certain temps avant l'heure programmée du lever, permet une transition en douceur vers l'éveil.
En somme, la luminothérapie se profile comme une solution prometteuse pour améliorer le bien-être mental, en particulier pendant les mois d'hiver où la diminution de la durée d'ensoleillement peut avoir des répercussions sur la santé mentale. Basée sur des principes naturels, cette approche thérapeutique offre une efficacité notable avec des effets secondaires minimes et temporaires. Les indications de la luminothérapie couvrent un large éventail de troubles, de la dépression saisonnière aux perturbations du sommeil, en passant par les décalages horaires et les effets du vieillissement. En outre, elle émerge comme une alternative préférentielle aux traitements médicamenteux classiques, avec des résultats comparables voire supérieurs dans le traitement de la dépression saisonnière. Toutefois, il est essentiel de choisir un appareil de luminothérapie certifié, répondant aux normes de sécurité, et d'ajuster la séance en fonction des besoins individuels pour optimiser les bienfaits de cette thérapie. La luminothérapie, utilisée seule ou en complément d'autres traitements, représente une approche holistique viable pour favoriser le bien-être mental.
Références :
Sarah Freyheit S., sciences pharmaceutiques. (2009). La luminothérapie et ses principales applications.
Bandiera C., Dr Carli D., Dr Berger J. (2019). La luminothérapie, traitement de premier choix.
Maruani, P.-A. Geoffroy. (Avril 2021). Luminothérapie dans les troubles de l’humeur.