Quand la douleur vous change la vie

Quand la douleur vous change la vie

11 October 2021

Impacts de la douleur sur la vie sociale

Douleur et vie familiale

La douleur impacte la vie sociale d’une personne dans son ensemble. Sa vie sociale commence avec sa vie de famille. En fonction de son âge, la douleur ressentie par la personne douloureuse va impacter ses relations avec ses parents, ses frères et sœurs, son partenaire, ses enfants, ses proches. Avoir mal cela peut vouloir dire pour la personne : ne plus pouvoir être comme elle est d’habitude, sans douleur. La douleur va venir altérée sa manière de se comporter. Elle va avoir un impact sur ses relations avec ceux qu’elle aime. La personne ne pourra plus par exemple, leur porter la même attention. C’est ici l’enfant qui n’est plus écouté par sa maman. C’est là, la femme qui ne se sent plus désirée par son partenaire. C’est encore, la personne âgée qui ne raccompagnera plus jusqu’à la porte lors d’une visite, l’enfant qui ne voudra plus jouer avec son frère. La douleur peut modifier les relations entretenues avec les proches, en particulier lorsque la douleur n’est pas occasionnelle mais fait régulièrement partie de la vie.

 

« Mais, soigne-toi, donc ! »

En fonction de l’accueil réservé par les proches à la plainte, la personne douloureuse peut décider de se taire et de cacher sa douleur autant que possible. Incomprise, elle s’isole progressivement de ses proches et se comporte avec eux comme avec le reste du monde : en dire le moins possible. Un profond ressentiment envers eux peut en résulter. Des conflits sont également fréquents. Beaucoup prennent leurs sources dans une différence de point de vue concernant la manière dont la personne devrait faire face à sa douleur chronique. Le « bon » traitement, la prise de médicaments, la compétence du médecin ou encore le recours à un ostéopathe, à un acupuncteur ou à des méthodes de relaxation sont autant de sujets polarisants.

 

« Pas ce soir chéri, j’ai la migraine »

Mieux comprise, la personne peut choisir de dire ses maux, pour permettre à ses proches de comprendre son changement de comportement. Les membres de la famille peuvent alors l’aider lorsque la personne a mal. L’aide peut prendre des formes multiples, mais « ne pas en rajouter » est déjà considérée comme une attitude aidante. Le partage de son état douloureux avec les proches permet de continuer à vivre avec eux, sinon dans une certaine harmonie au moins dans une certaine authenticité, au regard de la douleur ressentie. Dans le cocon familial, le douloureux chronique dira qu’il a mal, qu’il souhaite se reposer, qu’il n’a pas envie de sortir, de parler, de regarder la télé ou d’avoir des relations sexuelles, alors qu’il éprouve des douleurs. Il pourra aussi dire qu’il ne peut pas s’occuper des enfants à certains moments par exemple. Si la situation se renouvelle régulièrement, il pourra mettre en route avec ses proches une organisation de vie différente pendant ses crises.

 Homme se tenant la tête dans le noir dans sa chambre

Famille de douloureux

Dans d’autres familles, la connaissance intime de la douleur chronique est un point commun entre ces membres. Là, ce n’est généralement pas la compréhension de la situation de l’autre qui s’avère problématique. Chacun pense avoir une bonne connaissance de ce que l’autre vit lorsqu’il a mal mais aussi lorsqu’il organise sa vie en fonction des épisodes douloureux. La famille est vécue comme un endroit réconfortant, compréhensif, constructif. Ses membres échangent des solutions pour gérer le mieux possible sa douleur (médecin, techniques de relaxation, médicaments…) Cependant, cette bonne compréhension réciproque des situations douloureuses peut aussi empirer les conflits. Les options de soin choisies par les uns ou les autres peuvent alors être débattues – imagine-t-on – en connaissance de causes.
Le rôle des émotions dans la douleur chronique : Article planète santé

Bibliographie

  • David Le Breton, « Tenir : douleur chronique et réinvention de soi », Editions Le Métailié
  • Nadia Péoc’h, Représentations sociales de la douleur – la mise en perspective praxéologique des pratiques d’accompagnement et d’éducation à la santé, Les dossiers des sciences de l’éducation, 2014.
  • Nadia Péoc’h, La douleur et le soin, entre l’acte et l’accompagnement – association de recherche en soins infirmiers, recherche en soins infirmiers, 2012/3n°110/page 65 à 77
  • Disponible sur CAIRN.INFO
  • Khadidja Sahli, « La douleur chronique déchire la vie », Le temps, 3.04.2017.
  • Claudia Véron, « Une approche corporo-socio-psychologique de l’homme douloureux chronique : à l’écoute des maux de la migraine », mémoire de maîtrise de psychologie, université de Lausanne. Hiver 2013.

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