Le fonctionnement d'une migraine, des facteurs déclenchants au mal de tête
Nous allons à travers cet article vous expliquer simplement le mécanisme de la migraine. Parfois, nous devons prendre quelques raccourcis pour simplifier la compréhension. Vous trouverez toutefois des articles complémentaires pour vous permettre d’aller plus loin. Gardez également à l’esprit que le fonctionnement de la migraine a beaucoup évolué ces 10 dernières années et continue d’évoluer. Il existe encore une grande part d’ombre où la recherche scientifique n’a pas apporté de réponse. Voici les bases pour comprendre le mécanisme de fonctionnement de la migraine. Découvrez comment soulager la migraine naturellement
Plusieurs phases de migraine qui impliquent une succession de mécanismes différents
La migraine évolue selon quatre phases qui sont : les prodromes, l’aura migraineuse, la céphalée et les postdromes.
La phase prodromale (ou prémonitoire) est la première phase décrite dans la crise migraineuse. Elle peut commencer quelques heures ou quelques jours avant les prochaines phases. 30 à 40% des patients migraineux ressentent cette phase à travers plusieurs symptômes. Ceux-ci sont : une aphasie (trouble du langage), un trouble digestif (diarrhée ou constipation), une difficulté à la concentration, une augmentation de la fréquence des mictions, une augmentation de l’appétit, un changement d’humeur (irritabilité ou dépression…), ou encore une fatigue intense. Cette liste n’est pas exhaustive et certains patients peuvent ressentir encore beaucoup d’autres symptômes.
L’aura migraineuse est ressentie par 20 à 30 % des patients environ. Il s’agit de symptômes qui signent une perturbation du système nerveux. Dans la majorité des cas, ce sont des signes visuels, dans ce cas on parle de migraine ophtalmique ou de migraine avec aura typique. D’autres signes peuvent cependant s’associer comme des troubles de la motricité ou de la sensibilité. Un patient présentait parfois des migraines avec aura et parfois de migraine sans.
La phase de céphalée est la phase où le décrit une douleur à la tête. En général cette phase que l’on considère comme la migraine. Elle est la conséquence d’un phénomène inflammatoire au niveau de l’enveloppe qui entoure le cerveau : les méninges. En effet ce n’est pas le cerveau qui fait mal directement, celui-ci n’est pas innervé et est incapable de ressentir une douleur.
La dernière phase de postdromes reprend exactement les mêmes signes que la toute première phase des prodromes.
Le mécanisme de la céphalée migraineuse
Tout commence par les facteurs déclenchants. Selon les patients ils peuvent être très différents. Il peut s’agir de variations environnementales, de stress, des hormones, d’excès alimentaires, de troubles du sommeil, etc. chaque patient connait ses facteurs déclenchants d’une migraine.
Des facteurs déclenchants à l’hypothalamus
Par divers mécanismes, ces facteurs déclenchants sont intégrés dans le cerveau et particulièrement au niveau d’une zone que l’on appelle l’hypothalamus. Pour en savoir plus sur l’intégration des facteurs déclenchants dans le cerveau, nous vous invitons à lire l’article sur le rôle des récepteurs TRP. L’hypothalamus intègre donc une multitude d’informations qu’il retransmet ensuite à différentes aires du cerveau. Nous savons que chez le patient migraineux, l’hypothalamus a une activité augmentée. Il est comme hyper excité en permanence. Cet état d’excitation se retrouve même entre les crises. De ce fait, chez le patient migraineux l’hypothalamus a besoin de constance. Toutes les variations un peu trop importantes peuvent entraîner une phase d’hyperactivité intense. Or nous pensons aujourd’hui que c’est l’élément clé dans le déclenchement des crises de migraine. Comme l’hypothalamus intègre une multitude d’informations différentes, ceci explique la grande diversité des facteurs déclenchants.
De l’hypothalamus à une hyperactivité massive des neurones
Quand l’hypothalamus entre dans une phase d’hyperactivité, le patient peut ressentir tout un tas de troubles qui sont habituellement régulés par ce dernier. Des sensations de fatigue, de faim, d’irritabilité, etc. que l’on retrouve dans la phase des prodromes. C’est hyperactivité va entraîner plusieurs conséquences. Premièrement, elle va stimuler certaines aires cérébrales où l’on peut observer des neurones s’exciter vivement puis entrer dans une phase de silence. Une des aires les plus touchées par ce phénomène est l’aire visuelle. Ceci explique que la majorité des auras migraineuses soient visuelles. L’hyperactivité de ces neurones dans l’aire visuelle est ressentie par le patient par des scintillements, des lignes hachurées, etc. dans le champ de vision. Si d’autres airs sont touchés, les symptômes peuvent être différents. C’est le cas de l’air du langage pour les troubles de la parole, des aires motrices pour les troubles du mouvement, etc. Jusqu’à présent, le patient peut ressentir ces symptômes « d’hyperactivité cérébrale », mais n’a toujours pas débuté la phase de céphalée. Il n’a donc pas encore mal à la tête.
Le début de la phase de douleur
Cette hyperactivité cérébrale se traduit par un comportement particulier des neurones, à savoir une phase d’excitation suivie d’une phase de silence. Dans le jargon scientifique, on parle de dépolarisation des neurones puis de repolarisation. Comme ce phénomène progresse progressivement pour s’étendre vers d’autres aires du cerveau (nous avons dit qu’en général elle débute au niveau de l’aire visuelle), on parle de dépression corticale envahissante. Cette dépression corticale envahissante va entraîner une libération massive de proton qui va stimuler les récepteurs à la douleur au niveau de l’enveloppe du cerveau, c’est-à-dire les méninges. C’est le tout début de la phase de céphalée : la douleur de la migraine s’installe.
Le maintien de la phase de douleur : le système trigéminal
Pour ressentir une douleur à un endroit, il faut qu’un nerf parte de la zone de la douleur pour aller jusque dans le cerveau. Si par exemple vous souffrez d’une douleur à la jambe, c’est votre nerf sciatique qui remonte l’information jusqu’à la moelle épinière puis dans le cerveau. Dans la migraine, dans le cas d’une céphalée, c’est exactement la même chose. Il est nécessaire d’avoir un nerf qui part de l’enveloppe du cerveau puis qui est intégré dans le cerveau lui-même. Ce nerf en question est le nerf trigéminal. C’est un nerf crânien qui innerve les méninges, mais qui participe également à la sensibilité du visage. Grosso modo, toute votre tête est sensitivement innervée par ce nerf. Crédit photo : sawakinom
Quand nous parlons de la libération massive de proton, qui va stimuler les récepteurs de la douleur au niveau de l’enveloppe du cerveau, il s’agit de la stimulation du nerf trigéminal au niveau des méninges. Celui-ci va intégrer la douleur puis la faire remonter dans le cerveau. C’est le moment où le patient est capable de ressentir et décrire la douleur (elle est forte ou légère, à droite ou à gauche, pulsative ou diffuse, etc.). D’autre part, le nerf trigéminal va participer à la libération massive de substances pro inflammatoires, c’est-à-dire qui vont favoriser le maintien de la douleur. Il s’agit là essentiellement du CGRP, de la substance P, d’interleukines, etc.
Si nous nous attardons une petite minute sur le CGRP (peptide relié aux gènes de la calcitonine), il favorise l’inflammation, mais il est également un puissant vasodilatateur. C’est-à-dire qu’il va causer une dilatation des vaisseaux sanguins. Or, cette dilatation des vaisseaux sanguins a été remarquée il y a très longtemps, quand les premiers chercheurs ont étudié la migraine. C’est pour cette raison que l’on a longtemps pensé que la migraine était la conséquence d’une dilatation des vaisseaux sanguins. Maintenant vous comprenez que c’est seulement un effet associé et non pas la cause de la migraine. De nouveaux traitements pour la migraine chronique ont été mis sur le marché, il s’agit d’inhibiteur du CGRP (anticorps dirigés contre le CGRP ou son récepteur). Nous avons consacré un article sur ces nouveaux traitements prometteurs.
Le retour aux postdromes
Progressivement, l’homéostasie du corps va reprendre le dessus. C’est-à-dire le retour à l’équilibre. La douleur va s’estomper progressivement entre 4 à 72 heures. C’est la fin de la céphalée et le patient se retrouve dans la phase de postdromes. Toutes ces activités cérébrales ainsi que la douleur, vont laisser le patient dans un état de fatigue extrême. Il faut parfois plusieurs jours pour s’en remettre et sans pour autant être à l’abri d’une nouvelle crise de migraine.
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