Le jeûne : une pratique réellement bénéfique pour la santé ?

Le jeûne : une pratique réellement bénéfique pour la santé ?

04 August 2023

C’est l’un des nouveaux régimes à la mode. Reflet d’une société plus soucieuse de sa santé, se revendiquant parfois à contre-courant d’un système de surconsommation, le jeûne gagne progressivement en popularité. Nouveau traitement révolutionnaire, élixir de jeunesse… Autant de formules qui sont désormais employées pour vanter les mérites de cette pratique. Toutefois, au vu de son ampleur exponentielle, il reste important de se questionner. Indépendamment des effets de mode et de l’abondance des informations en tout genre, faire preuve d’un esprit critique constitue un enjeu fondamental. Alors, le jeûne est-il réellement bon pour la santé ? Quels en sont ses impacts ?

 

Le jeûne, qu’est-ce que c’est ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de bien comprendre de quoi on parle. En effet, même si cette notion est dorénavant connue de tous, elle n’est pas toujours bien définie. Selon l’Inserm, « le jeûne complet consiste à s’abstenir de tout aliment (solide et liquide), à l’exception de l’eau, pendant une période plus ou moins longue ». En pratique, deux catégories d’applications se dégagent néanmoins.

 

1- Le jeûne chronologique

Ce type de jeûne consiste en une restriction alimentaire totale dans une période donnée. Parmi les plus en vogue, on pourra bien sûr citer le jeûne intermittent. Sa pratique n’est pas uniforme. En effet, elle peut être réalisée de différentes manières : ne pas manger pendant 6, 10, 12 heures, un jour complet une ou deux fois par semaine…

 

2- Le jeûne qualitatif

Cette deuxième catégorie consiste quant à elle en une privation de certains types d’aliments, indépendamment de l’heure de prise. On peut citer le jeûne total (qui consiste en privation totale de nourriture), le jeûne sec (qui est une privation de nourriture et d’eau) et la restriction alimentaire, c’est-à-dire manger un seul ou un certain type d’aliment seulement. Apporter une réponse binaire à l’intérêt du jeûne n’est donc pas envisageable. En fonction de la catégorie, de la durée, mais aussi du caractère individuel de chacun, les conclusions ne pourront être que différentes.

 

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Les bienfaits

Les croyances communes autour des bénéfices du jeûne s’articulent principalement autour de deux axes principaux : les bénéfices physiologiques et psychologiques. Pour investiguer ce fait sociétal, des recherches scientifiques ont été menées.

Sur le plan psychologique, la pratique du jeûne améliorerait la sensation de bien-être, notamment grâce à la sécrétion d’endorphines. Sur le plan physiologique, on prête au jeûne d’innombrables bienfaits.

 

Parmi eux, on retrouve notamment :

  • La stimulation du système immunitaire.
  • Les modifications métaboliques dont la limitation du cholestérol.
  • La régulation des sécrétions hormonales telle que la diminution du taux d’insuline.
  • La fonction détoxifiante ; le jeûne permettrait d’évacuer les excès d’eau dû à une surconsommation de sel à court terme.
  • La diminution du risque de développer des maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires.
  • La modification du microbiote intestinal.
  • La lutte plus efficace contre les maladies inflammatoires. Pour justifier ce phénomène, il faut savoir que l’inflammation chronique est favorisée par l’apport calorique excessif. Le jeûne permet donc de réduire les symptômes d’une maladie inflammatoire chronique sans pour autant empêcher une réponse inflammatoire normale (dans le cas des réactions anti-infectieuses).
  • Le retardement du vieillissement, en réduisant le risque des maladies liées à l’âge, le rallongement de l’espérance de vie, la régénération des cellules.

 

Cependant, et malgré le fait que certaines études obtiennent des résultats prometteurs, tout reste encore à prouver de manière ferme et définitive. En effet, à ce jour, les études scientifiques menées chez l’homme ne sont pas suffisamment nombreuses et rigoureuses pour conclure à une efficacité thérapeutique ou préventive.

 

Les limites

Indépendamment des bénéfices réels ou potentiels, il est important de prendre conscience que le jeûne comporte des limites.

Premièrement, le jeûne est connu pour favoriser la perte de poids. Cependant, attention à l’arrêt brutal de ce type de régime ; le risque d’une reprise de poids rapide (effet yoyo) est considérable. D’ailleurs, dans cette logique d’être plus progressif que brutal, de nombreuses recherches suggèrent que suivre un régime alimentaire équilibré et hypocalorique potentialiserait les effets du jeûne...

Malheureusement, ces risques sont loin d’être les seuls que l’on puisse lister. Dans un premier temps, on peut noter que des maux de tête peuvent survenir, ainsi que des étourdissements pouvant aller jusqu’au malaise. De plus, il existe un risque de carence : ces carences s’avèrent bien souvent contre-productives car elles altèrent les fonctions organiques et favorisent la fonte musculaire. Sur le long terme, une carence en fer pourra amener à une anémie. Loin d’être anodin, le jeûne comporte également des risques de dégradation du capital osseux, de développer des troubles du rythme cardiaque, d’inflammations et fibroses hépatiques…

Parallèlement à ces risques, il est important de garder à l’esprit le caractère singulier propre à chaque individu. Par exemple, les risques seront différents s’il s’agit de sujets âgés, de femmes enceintes…

Le facteur temps joue un rôle majeur sur les bénéfices du jeûne. Entre une pratique de longue ou de courte durée, les impacts seront différents. Par exemple, nous évoquions la fonction détoxifiante du jeûne. Oui, mais sur le court terme. En effet, sur une période plus longue, le corps en restriction alimentaire s’acidifie et produit des toxines. Il peut aussi, en plus de stocker dans le gras, stocker dans la masse musculaire.

 

Il faut donc garder à l’esprit que le jeûne n’est pas anodin. Bien qu’il soit question de bénéfices réels ou potentiels, trop peu d’essais cliniques ont en réalité été réalisés. Cette pratique doit par conséquent rester encadrée afin de limiter les risques en s’assurant par exemple qu’il n’y ait pas de contre-indication.

 

Références :

Radio France. (21 avril 2021). Le jeûne est-il bon pour la santé ? https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-idees-claires-le-podcast/le-jeune-est-il-bon-pour-la-sante-8755962

Ministère de la santé et de la prévention. Le jeûne à visée préventive ou thérapeutique. https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_jeune.pdf

Inserm. (10 janvier 2014). Évaluation de l’efficacité de la pratique du jeûne comme pratique à visée préventive ou thérapeutique. https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2017-11/inserm-rapportthematique-evaluationefficacitejeune-2014.pdf

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