Surmonter le stress post-traumatique grâce à la thérapie EMDR

Surmonter le stress post-traumatique grâce à la thérapie EMDR

08 July 2023

Le stress post-traumatique fait partie de ces troubles qui affectent considérablement la qualité de vie. Pour tenter de le combattre, une thérapie est désormais largement plébiscitée : l’EMDR. Découvrez-en davantage sur cette thérapie du retraitement des souvenirs traumatiques.

 

Qu’est-ce que l’EMDR ?

L’EMDR (acronyme de l’Anglais Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une approche thérapeutique développée en 1987 par Francine Shapiro, une psychologue américaine. Elle repose sur la croyance que les traumatismes non résolus sont à l’origine de nombreux symptômes négatifs, et que ces symptômes résultent d’un blocage de l’information dans le système de traitement de l’information. L’objectif principal de cette thérapie est donc de traiter les conséquences liées à un traumatisme psychique. Ces mémoires traumatiques peuvent ainsi être traité, parfois même des années après leur déroulé. Mécanisme de guérison neuroémotionnel, la mémoire traumatique est retraitée par le biais des mouvements oculaires. Cette psychothérapie permet ainsi une gestion naturelle et non médicamenteuse de ces souvenirs douloureux. Elle est principalement indiquée dans le traitement des troubles du Stress Post-Traumatique. (1)

 

Qu’est-ce que le stress post-traumatique ?

Il s’agit d’un trouble anxieux survenant après avoir vécu un évènement extrêmement traumatisant ou après en avoir été témoin. Il engendre des séquelles traumatiques responsables de nombreux symptômes. Parmi les principaux, on note : - Des manifestations physiques telles que les sueurs, la tachycardie, la pâleur... - La reviviscence régulière de ce souvenir : cauchemars, flashbacks, pensées... L'inverse est également possible avec l’amnésie traumatique. - Des manifestations émotionnelles : état d’angoisse et de stress permanents, hypervigilance, peur… - Ces symptômes peuvent être réactivés par n’importe quel évènement du quotidien. Altérant la qualité de vie, ils s’imposent de manière imprévisible, douloureux et involontaire. (2)

 

Quelles peuvent être les autres indications de l’EMDR ?

Outre le stress post-traumatique, l’EMDR peut s’avérer particulièrement utile dans la prise en charge d’autres pathologies. C’est notamment le cas des phobies ainsi que des peurs irrationnelles. Retraiter les souvenirs associés à ces peurs et les réintégrer de manière plus adaptée peut en effet apporter de réels résultats positifs. L’EMDR peut également être utilisé comme traitement complémentaire dans le cadre des troubles anxieux généralisés et de la dépression. Elle peut en effet contribuer à réduire les symptômes tout en favorisant un meilleur équilibre émotionnel. Il est toutefois important de noter que l’intérêt et les bénéfices potentiels doivent être évalués au cas par cas.

 

Ce traitement a-t-il été prouvé scientifiquement ?

Cette thérapie, loin d’être expérimentale, a été reconnue et approuvée dans le cadre du traitement du trouble de stress post-traumatique par plusieurs grandes instances. C’est notamment le cas de l’OMS (3), de l’INSERM, ainsi que de l’HAS. L’EMDR a parallèlement fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques au fil du temps. Les conclusions de ces recherches tendent par ailleurs à soutenir son efficacité. Par exemple, une méta analyse réalisée en 2013 a permis de conclure que l’EMDR contribuait à réduire les symptômes du stress post-traumatique. (4)

 

Comment se déroule un traitement EMDR ?

Avant le début des séances, il est indispensable de réaliser des entretiens préliminaires (trois en moyenne). Ces entretiens ont plusieurs objectifs : valider l’indication thérapeutique, définir les objectifs, établir une relation de confiance avec le praticien… Il s’agit d’un temps d’échange où le thérapeute peut répondre aux inquiétudes et expliquer en détail le processus d’EMDR. Arrivent ensuite les séances d’EMDR, autrement dit le retraitement des souvenirs traumatiques. Pour ce faire, le patient est invité à se focaliser sur son souvenir et tout ce qui l’accompagne : émotions, sensations, pensées… Il s’agit d’une exposition par l’imaginaire. Parallèlement, il doit suivre les mouvements des doigts du thérapeute. Relevant d’une certaine spontanéité, le patient doit alors accueillir tout ce qui lui vient. Il est en effet invité à verbaliser tout ce qu’il ressent entre chaque série de stimulations. En sollicitant également l’inconscient, le processus de libre association d’idées a alors lieu. Les séries continuent jusqu’à ce que le souvenir traumatique ne soit plus source de perturbation. À l’inverse, le traitement se termine par l’instauration d’une pensée positive associée à de bonnes sensations corporelles. Il est possible de pratiquer ces séances sur les enfants. Cependant, tandis que les séances classiques durent de 60 à 90 minutes, celles destinées aux enfants seront plus courtes. Plusieurs séances sont parfois nécessaires pour le traitement d’un seul souvenir.

 

Les limites

Il serait faux de penser que la thérapie de l’EMDR soit, à elle seule, la solution. En effet, ce traitement doit plutôt être envisagé comme complémentaire aux autres approches médicamenteuses et thérapeutiques. De plus, pour pratiquer cette thérapie, le patient doit se replonger dans ses souvenirs traumatiques. Une méthode souvent vécue comme éprouvante et douloureuse. Cette thérapie a donc bel et bien fait ses preuves dans le cadre du traitement des patients atteints de stress post-traumatique. Toutefois, les recherches scientifiques se poursuivent, notamment en quête d’autres indications thérapeutiques. Et, même s’il est encore trop tôt pour affirmer que l’EMDR permettrait de traiter d’autres troubles psychiatriques, il semble indéniable que ce traitement ne nous a pas encore relevé tous ses secrets.
  • (2) Centre de traitement de la toxicomanie (États-Unis). Rockville (MD) : Administration des services de toxicomanie et de santé mentale (États-Unis). (2014). Soins tenant compte des traumatismes dans les services de santé comportementale (Treatment Improvement Protocol (TIP) Series, No. 57.) Pièce 1.3-4, DSM-5 Diagnostic Criteria for PTSD. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK207191/box/part1_ch3.box16/
  • (4) Bisson JI, Roberts NP, Andrew M, Cooper R, Lewis C. (13 décembre 2013). Psychological therapies for chronic post-traumatic stress disorder (PTSD) in adults. Cochrane Database Syst Rev. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24338345/

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