reproduction d'un cerveau disposé sur un fond rose et dessin autour pour qu'il forme la représentation d'une ampoule

Anatomie du système trigémino-vasculaire

09 November 2020

Le système trigémino-vasculaire, son rôle dans la migraine

En quelques mots simples :

Le système trigémino-vasculaire est un élément essentiel dans la physiopathologie de la migraine. Les nerfs trigéminaux sont la cinquième paire de nerfs crâniens qui vont venir innerver la sensibilité de la face, des méninges (l’enveloppe du cerveau) et de ses vaisseaux sanguins.
Lors d’une migraine, c’est ce système qui est activé. En effet, le cerveau ne fait pas mal en lui-même, il n’est pas innervé. La douleur ressentie lors d’une crise de migraine ou de céphalées provient des méninges essentiellement. Ce système est activé lors d’une céphalée et transmet les informations à travers son noyau inférieur puis vers le thalamus et enfin le cortex. Quand l’information arrive au cortex, le patient est capable de décrire et de caractériser sa douleur. S’il s’agit de stimulations non douloureuses, comme se toucher le visage, l’information chemine de la même manière, mais transite au niveau de noyaux supérieurs. L’ensemble des noyaux s’appelle le complexe sensitif du trijumeau.
Dans le cas de la migraine, le complexe sensitif du trijumeau est progressivement sensibilisé. C’est-à-dire que son seuil d’activation diminue. Il se déclenche donc plus facilement. Cette sensibilisation est dite centrale, car ce complexe est situé dans le tronc cérébral, donc dans le système nerveux central. Cette sensibilisation centrale augmente au fur et à mesure des crises de migraine et est le principal facteur d’un passage à la migraine chronique. En d’autres termes plus le patient fait de migraines, plus le complexe sensitif du trijumeau s’active facilement et intensément et plus la fréquence des crises aura tendance à augmenter. Cet article reprend l’anatomie du système trigémino-vasculaire pour mieux comprendre la physiopathologie de la migraine et des céphalées.
Nous vous conseillons cependant de lire « les bases de la migraine » avant d’aller plus loin.

Du système trigémino-vasculaire au complexe sensitif du trijumeau

Les céphalées ressenties lors d’une crise de migraine se répartissent sur l’ensemble de l’hémicrâne, du frontal à l’occiput et semblent être la conséquence de l’activation du système trigémino-vasculaire.

Le terme trigémino-vasculaire regroupe l’ensemble de la voie allant de l’innervation des méninges, de leurs vaisseaux sanguins et des sinus, au complexe sensitif du trijumeau et premiers segments cervicaux de la moelle épinière. L’activation de ces structures par des stimuli mécaniques, électriques ou chimiques entraîne des céphalées similaires à celles ressenties lors d’une crise de migraine.

L’anatomie du système trigémino-vasculaire a longuement été étudiée ces 70 dernières années et a permis de mieux comprendre la physiologie de la migraine et la distribution de ses douleurs. Les messages périphériques issus des méninges prennent naissance au niveau des nocicepteurs polymodaux que constituent les terminaisons libres de fibres faiblement myélénisées Aδ et des fibres amyéliniques C (fibres nociceptives). Elles véhiculent principalement au sein de la branche ophtalmique du nerf trijumeau (V1) et projettent dans le complexe sensitif du trijumeau (également appelé caudalis ou Sp5C) ( Goadsby et al. 2017).

Pour mieux comprendre, vous pouvez lire l'article suivant : Les bases : mécanisme de la migraine

 

Relais de la sensibilité et de la nociception

Le complexe sensitif du trijumeau (CST) est le premier relais des informations somesthésiques (mécaniques, thermiques et proprioceptives) en provenance de la sphère orofaciale et des méninges. Il s’étend dans le tronc cérébral des premiers segments cervicaux jusqu’à la limite caudale du mésencéphale.

Ce complexe se divise en 2 noyaux : rostralement, le noyau principal et caudalement, le noyau spinal. Ce dernier est lui-même subdivisé en 3 sous-noyaux qui sont dans le sens rostro-caudal : le sous-noyau oral (Sp5O), le sous-noyau interpolaire et le sous-noyau caudal (Sp5C) (Marieb et al. 2014).

Le sous-noyau principal avec le sous-noyau interpolaire sont les relais de la sensibilité tactile, proprioceptive et discriminative. Le Sp5C et le Sp5O sont, quant à eux, les relais de la nociception. Seul le Sp5C reçoit les afférences des fibres C, qui se projettent dans les couches externes I et II de Rexed pour les afférences nociceptives primaires cutanées et exclusivement dans la couche I pour les afférences méningées (Melin et al. 2017).

Les fibres myélinisées Aδ se projettent sur les trois sous-noyaux du noyau spinal du complexe sensitif du trijumeau. Celles qui proviennent des tissus profonds ne se projettent qu’au niveau du Sp5C. (Nishimori et al. 1986). Des neurones nociceptifs non spécifiques (WDR) sont également présents dans les couches profondes. Le Sp5C reçoit également des afférences des racines C1 à C3, responsables entre autres de l’innervation des muscles de la nuque. Cette interaction anatomique du Sp5C et de la moelle cervicale expliquerait la projection de douleurs céphaliques ou dentaires au niveau cervical et inversement.

 

La suite de cette article est ici : ALTÉRATION DU COMPLEXE SENSITIF DU TRIJUMEAU ET DES VOIES ASCENDANTES

 

Pour en savoir plus, vous pouvez lire l'excellent article de Médecine Science : Neurobiologie de la douleur trigéminale. Auteurs : Radhouane Dallel, Luis Villanueva, Alain Woda et Daniel Voisin. Cliquez-ici pour lire l'article. Goadsby, Peter J., Philip R. Holland, Margarida Martins-Oliveira, Jan Hoffmann, Christoph Schankin, et Simon Akerman. 2017. « Pathophysiology of Migraine: A Disorder of Sensory Processing ». Physiological Reviews 97 (2): 553‑622. https://doi.org/10.1152/physrev.00034.2015.

Marieb, Elaine, et Katja Hoehn. 2014. Anatomie et physiologie humaines. Pearson Education France.

Melin, Céline, Florian Jacquot, Nicolas Vitello, Radhouane Dallel, et Alain Artola. 2017. « Different Processing of Meningeal and Cutaneous Pain Information in the Spinal Trigeminal Nucleus Caudalis ». Cephalalgia 37 (12): 1189‑1201. https://doi.org/10.1177/0333102416673204.

Nishimori, T., M. Sera, S. Suemune, A. Yoshida, K. Tsuru, Y. Tsuiki, T. Akisaka, T. Okamoto, Y. Dateoka, et Y. Shigenaga. 1986. « The Distribution of Muscle Primary Afferents from the Masseter Nerve to the Trigeminal Sensory Nuclei ». Brain Research 372 (2): 375‑81. https://doi.org/10.1016/0006-8993(86)91148-0.

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