Burnout : quand le travail se transforme en véritable fléau

Burnout : quand le travail se transforme en véritable fléau

01 August 2023

Le burnout, qu’est-ce que c’est ?

Le burnout est également connu sous le nom d’épuisement professionnel. Il n’existe pas à ce jour une seule et unique définition, mais plusieurs convergent toutes vers les mêmes axes majeurs. Il s’agit d’un épuisement professionnel induit par des situations de travail vécues comme exigeantes. L’épuisement est à la fois physique, émotionnel et psychique. Les ressources habituelles de la personne apparaissent alors comme insuffisantes. Ce mot provient de la métaphore du psychologue américain Freudenberger « brûlé de l’intérieur ». Une étymologie révélatrice du mal-être de ses patients.

 

Non, il ne s’agit pas d’un « petit coup de déprime »

En plus d’être fausse, cette pensée collective aspire souvent à banaliser la souffrance de l’autre ? voire à la rendre illégitime. Oui, tout mal-être n’est pas un burnout. Mais le burnout lui, est un syndrome sérieux et douloureux. Loin d’être anodin, il est susceptible de conduire à des pathologies telles que la dépression. Dans les cas sévères, un burnout peut même relever d’une hospitalisation, notamment du fait du risque suicidaire.

 

Connu, mais pas reconnu ?

Curieusement, le Burnout ne fait pas l’objet d’un diagnostic officiel. En effet, aucune des références des classifications médicales n’en fait mention : DSM V, CIM-10, OMS… Ainsi, le Burnout est reconnu comme un syndrome (c’est-à-dire un ensemble de symptômes) mais pas comme un diagnostic clinique. De plus, et contre toute attente, peu d’organismes français se sont en faits penchés sur ce sujet.

En effet, seul le Ministère du Travail s’est finalement saisi de cette problématique de santé publique. Conséquence ? Il existe à ce jour peu de données nationales et de statistiques à ce sujet. Par exemple, aucune étude n’a été menée pour permettre d’établir une causalité entre le burnout et le suicide, le pourcentage des personnes hospitalisées pour burnout…

 

Comment se manifeste un épuisement professionnel ?

Il ne s’agit pas d’une pathologie d’apparition brutale, bien au contraire. Elle doit en fait être considérée comme la phase finale d’un processus long et insidieux, précédé de signaux d’alerte. Ces symptômes, quant à eux, impactent différentes dimensions.

 

Sur le plan émotionnel

La personne souffrant de Burnout a le sentiment de ne plus avoir le contrôle. Mise en échec, elle perd progressivement la confiance et l’estime d’elle-même, se dévalorisant ainsi. De plus, on note la présence d’une tension interne, d’une irritabilité, d’une hypersensibilité ou encore de peurs.

À l’inverse, la personne peut apparaitre comme détachée. Dans ce cas, elle ne manifeste aucune émotion, donnant parfois la sensation d’être totalement désinvestie. Dépassant même la dimension émotionnelle, c’est également l’aspect cognitif qui en est alors impacté. En effet, la personne peut parallèlement souffrir une altération des capacités de concentration. Ces symptômes, mis bout à bout, conduisent à un épuisement émotionnel.

 

Sur le plan physique

Des symptômes s’observent aussi au niveau physique. En effet, la tension interne se traduit notamment par des tensions musculaires, engendrant douleur et inconfort. Parallèlement, on retrouve fréquemment des troubles du sommeil. S’installe alors une fatigue chronique, le sommeil n’étant plus réparateur. Comme si cela n’était pas suffisant, d’autres manifestations physiques peuvent survenir telles que des nausées, des vertiges ou encore des céphalées.

 

Sur le plan social et comportemental

Le burnout conduit également à un isolement social en lien avec le repli sur soi. Les liens sociaux déjà existants sont quant à eux mis à mal : conséquence de l’irritabilité et de la tension interne, la personne aura tendance à être moins tolérante et empathique, voire à présenter un comportement agressif. Cette hostilité est d’autant plus marquée dans son travail : attitude négative, détachée, péjorative... La personne peut par conséquent se désinvestir de ce milieu professionnel et de ces valeurs associées, perdant ainsi sa motivation. Parallèlement, le burnout augmente le risque de comportements addictifs. Autant de symptômes qui constituent un cercle vicieux parfois difficile à briser. On comprend alors qu’ils peuvent avoir un lourd impact sur le quotidien.

 

Quelles sont les causes d’un burnout ?

Six axes ont été identifiés par le Collège d’expertise sur le suivi des statistiques des risques psychosociaux au travail. Ces facteurs relatifs au travail sont les suivants :

- Les exigences au travail. Le premier critère correspond à l’incompatibilité entre le travail demandé et la faisabilité de celui-ci. Surcharge de travail, objectifs irréalistes, horaires excessifs…

- Les exigences émotionnelles. Il s’agit de différentes situations éprouvantes émotionnellement : violence, mécontentement fréquent…

- Le manque d’autonomie et de marge de manœuvre.

- Les mauvais rapports sociaux et relations de travail.

- Les conflits de valeur. Autrement dit, ne pas (ou ne plus) trouver de sens à son travail.

- L’insécurité de la situation de travail. Cela correspond notamment à la peur de perdre son emploi, à l’incertitude de l’avenir de son métier…

Il existe également des facteurs propres à chaque individu augmentant le risque d’épuisement professionnel. C’est notamment le cas de certains traits de personnalité tels que l’instabilité émotionnelle. C’est aussi l’engagement que l’individu porte à son travail qui aura un impact. En effet, en plaçant son emploi comme priorité dans sa vie, il risquera plus facilement le burnout.

 personne tenant un panneau avec un visage triste dessiner dessus

Comment traiter l’épuisement professionnel ?

 

Exprimer sa souffrance

La première étape vers le traitement du burnout consiste à verbaliser ce mal-être. Il s’agit en réalité du moyen permettant d’alerter proches et professionnels. Malheureusement, tous ne parviennent pas à franchir ce cap : peur du jugement, banalisation des symptômes…

De plus, pour enfin s’exprimer, encore faut-il bénéficier d’un espace permettant l’échange. En restant dans la sphère professionnelle, des entretiens peuvent être mis en place. Cependant, évoquer ses difficultés avec son supérieur hiérarchique ou son collaborateur n’est pas toujours chose aisée. C’est pourquoi l’intervention du médecin du travail joue un rôle crucial. Le salarié peut, à tout moment, demander une consultation avec ce médecin. Cette consultation est régie par une obligation de confidentialité, où la bienveillance et l’écoute sont de rigueur.

 

L’accompagnement pluridisciplinaire

Ensuite, la consultation médicale constitue l’étape obligatoire. En effet, seul le médecin sera capable de poser le diagnostic et de proposer un traitement.

Il est de surcroît capable d’écarter les diagnostics différentiels : stress au travail, addiction au travail, fatigue chronique, dépression…

Parmi les grands axes de la prise en charge du burnout, on note :

- La prescription d’un arrêt de travail. Les objectifs de celui-ci sont multiples : prendre le temps du repos et de la reconstruction, procéder à une réflexion autour de son emploi…

- L’instauration d’un traitement médicamenteux. Des traitements tels que les antidépresseurs ou les anxiolytiques peuvent effectivement être envisagés.

- L’accompagnement par d’autres professionnels. Il est souvent bénéfique de compléter la prise en charge par des consultations avec un psychologue ou un psychothérapeute. Ces professionnels jouent un rôle d’écoute et d’aide à la reconstruction.

Parallèlement, des techniques simples peuvent être employées pour parvenir à apaiser le stress.

Il est cependant important de comprendre que le traitement du burnout est individualisé. À ce titre, les actions mises en place seront différentes selon l’état de chacun et découleront de l’évaluation médicale.

 

Le retour au travail

Le traitement du burnout à lui seul ne suffit pas. En effet, il faut également bien préparer et organiser la reprise de poste. Pour ce faire, il est impératif d’envisager un retour progressif. Là encore, un accompagnement est nécessaire afin de s’adapter aux besoins de la personne. Lors de cette étape, le rôle des supérieurs est alors primordial. C’est pourquoi cette situation doit induire une remise en question de l’employeur et plus largement de l’équipe de travail : facteurs de risque, environnement de travail, suivi des salariés… Des actions concrètes doivent ainsi découler de cette analyse. Bien réalisé, un accompagnement adapté de la reprise limitera le risque de récidive de Burnout.

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Ministère du Travail ; Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail ; Institut national de recherche et de sécurité (2015). Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout : mieux comprendre pour mieux agir. Guide d’aide à la prévention. https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Exe_Burnout_21-05-2015_version_internet.pdf

 

Haute Autorité de Santé. (22 mai 2017).  Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel. https://www.has-sante.fr/jcms/c_2769318/fr/reperage-et-prise-en-charge-cliniques-du-syndrome-d-epuisement-professionnel-ou-burnout

Académie nationale de médecine. (2016). Le burnout.  http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2016/02/26-fev-2016-RAPPORT-ACADEMIE-Burn-out-V3.pdf

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