Classée comme la 2e maladie mondiale la plus invalidante par l’OMS et la 1re pour la population des 18-50 ans, la migraine représente un impact socio-économique majeur autant pour les individus touchés que pour les entreprises. Des aménagements demeurent cependant possibles pour limiter ces différents retentissements.
Comprendre la migraine chronique
La migraine est une maladie neurologique qui touche 15 à 20% de la population mondiale (INSERM) et plus fréquemment les femmes (3 femmes pour 1 homme). Entrainant des douleurs parfois extrêmes, la migraine est une maladie chronique caractérisée par des crises répétées de céphalées, induites par une excitabilité neuronale accrue - dues à des facteurs génétiques et/ou environnementaux. La migraine est considérée comme une maladie chronique lorsque les crises se produisent fréquemment, c'est-à-dire plus de 15 jours par mois pendant au moins 3 mois et après exclusion de toutes autres pathologies par le corps médical. À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif de la migraine. La prise en charge de la maladie repose sur le traitement des crises, associée ou non à un traitement de fond, à des activités de soulagement, mais également à l’éviction des facteurs déclenchants modifiables.
Environnement de travail moderne : une source de facteurs déclenchants
Les personnes migraineuses souffrent d’une hypersensibilité aux variations internes et/ou externes. Il peut s’agir de variations émotionnelles, environnementales, hormonales, climatiques, sensorielles, etc. On parle de « facteurs déclenchants » de crise de migraine. Ceux-ci varient selon les individus et au cours de leur vie. Open-space, lumière artificielle, travail sur écran, bruit ambiant, stress, parfum d’ambiance, chauffage excessif, etc. évoquent les environnements de travail moderne, mais également de nombreux facteurs déclenchants pour les personnes migraineuses. Les entreprises ne peuvent discriminer un salarié en raison de sa maladie. Pour cela, elles doivent – dans la mesure du possible - accompagner les salariés souffrant de migraines chroniques pour favoriser une meilleure conciliation entre leur maladie et leur vie professionnelle. Cette démarche nécessite d’instaurer des échanges construits entre le salarié et la direction de l’entreprise. De cette communication pourra émerger des solutions d’adaptation de l’environnement de travail, etc. pour une meilleure gestion de la maladie et de ses symptômes – au bénéfice des 2 parties.
Stratégies d’amélioration des conditions de travail
Toutes crises de migraines commencent par des facteurs déclenchants, dont certains peuvent être « contrôlés » ou tout au moins être limités. Parce que les conditions de travail peuvent jouer un rôle dans la survenue des crises, l’entreprise – selon le poste occupé - peut mettre en place des aménagements raisonnables et spécifiques pour exclure un certain nombre de ces facteurs et ainsi favoriser la réduction des crises. Ces dispositifs peuvent varier selon les personnes touchées, d’où l’importance d’une communication constructive entre salarié et direction. Ces aménagements sont multiples, mais ne nécessitent pas forcément des investissements coûteux pour l’employeur. Quelques exemples d’actions simples / aménagements possibles (liste non exhaustive) :
- Chauffer raisonnablement et aéré souvent
Lieu surchauffé et espace non aéré sont des facteurs déclenchants courants. Aussi, pour le bien-être de tous, ne négligez pas de maintenir une température raisonnable et constante des bureaux et leur aération régulière.
- Limiter les sources de bruits et d’odeurs
Favoriser un bureau un peu isolé pour le salarié dans la mesure du possible ou, dans le cadre d’un open-space, installer des panneaux antibruits et/ou mettre à disposition un casque réducteur de bruits. Limitez également les parfums d’ambiance et, de façon générale, les odeurs fortes.
- Favoriser un éclairage naturel et limiter la luminosité des écrans
La lumière artificielle est très agressive pour les personnes migraineuses et est un facteur favorisant la survenue de crises. Pour cela, il est recommandé de travailler avec une lumière naturelle, de favoriser des lumières différées, d’installer un filtre sur les écrans de travail (antireflet et anti-lumière bleue) et de préférer les thèmes sombres des différentes applications utilisées.
- Autoriser des pauses régulières et adaptées
Les pauses régulières vont permettre au salarié de se reposer, de prendre une collation et/ou de prendre l’air afin de mieux gérer ses symptômes. De façon générale, il est recommandé de s’arrêter toutes les heures ou 2 heures et de l’associer à une pause oculaire (en regardant 1 min au loin et ensuite, 1 min en appuyant sur ses yeux).
- Penser à l’ergonomie des équipements
Les tensions musculaires sont également des facteurs favorisant l’apparition des migraines. Pour réduire les tensions au niveau de la nuque et des trapèzes, ne négligez pas l’ergonomie du poste de travail : un siège avec accoudoir et repose-tête est préférable, la position de l’écran doit limiter au maximum la rotation de la tête ainsi que la flexion ou l’extension du cou. Le bras de la souris doit pouvoir être relâché. Également, un support pour rehausser les pieds peut être utile pour limiter les tensions au niveau du bassin et de la colonne lombaire.
- Faciliter l’organisation du temps de travail
Le télétravail ou les horaires de travail flexibles vont permettre au salarié de mieux planifier ses journées de travail et offrir de meilleures conditions pour gérer ses symptômes et ses objectifs professionnels tout en évitant au maximum les situations stressantes.
- Mettre en place une salle de repos
Cette salle doit être sombre et silencieuse pour permettre au salarié de se reposer si besoin ou encore de s’isoler en cas de crise et/ou le temps que ses traitements agissent.