La fibromyalgie est une maladie encore assez méconnue. Et pourtant, elle touche plus d’un million de Français ! Ce syndrome chronique se caractérise par des symptômes pouvant être invalidants au quotidien. Il est donc important de le prendre au sérieux. Voici pourquoi la fibromyalgie n’est pas, contrairement aux idées reçues, une maladie psychosomatique.
Qu’est-ce que la fibromyalgie ?
La fibromyalgie (ou syndrome fibromyalgique) est une affection chronique qui se caractérise par des douleurs diffuses dans l’ensemble du corps. Les personnes atteintes de fibromyalgie décrivent des douleurs proches de l’arthrite. Toutefois, aucune lésion musculaire, osseuse ou articulaire n’apparaît sur les imageries médicales.
Pour cette raison, la fibromyalgie a longtemps été considérée comme une maladie « psychosomatique » voire « imaginaire ». Pourtant, c’est une condition médicale bien réelle.
Depuis 1990, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) reconnaît enfin la fibromyalgie comme une pathologie. En juin 2018, la CIM (Classification internationale des maladies) a classé la fibromyalgie dans les « douleurs chroniques généralisées ».
Aujourd’hui en France, environ 1,6% de la population est atteinte de fibromyalgie selon l’INSERM. Cette affection chronique touche plus les femmes que les hommes. Elle se déclare plus fréquemment entre 40 et 50 ans.
Symptômes de la fibromyalgie
Les premiers symptômes de la fibromyalgie sont les douleurs diffuses généralisées et une sensibilité accrue au toucher ou à la pression.
Le ressenti de la douleur varie d’un patient à un autre. C’est pourquoi il est si difficile de poser le diagnostic de la fibromyalgie. La douleur peut être ressentie dans une ou plusieurs parties du corps. Elle touche généralement les articulations ou les tissus mous du corps, comme les muscles, les ligaments et les tendons. L’intensité de la douleur peut être légère, modérée ou sévère. Les patients décrivent des sensations de brûlure, de décharge électrique, des raideurs, des courbatures ou des douleurs aigues et persistantes. Les jambes constituent la partie du corps la plus couramment touchée.
Les personnes atteintes de fibromyalgie sont aussi plus sensibles au toucher. Cela signifie qu’une pression ferme appliquée sur les tissus mous du corps (comme les muscles) peut générer des douleurs intenses. Ce symptôme peut se manifester lors d’une étreinte par exemple.
Les patients atteints de fibromyalgie peuvent également souffrir d’autres symptômes :
- Fatigue chronique ;
- Perturbations du sommeil ;
- Faible résistance à l’effort ;
- Maux de tête ;
- Fourmillements dans les jambes et dans les pieds ;
- Douleurs mandibulaires ;
- Problèmes de concentration ;
- Problèmes de mémorisation ;
- Irritabilité ;
- Troubles du système digestif ;
- Troubles de la vessie ;
- Sensibilité accrue aux bruits, aux lumières, aux sons et aux températures ;
- Règles douloureuses ;
- Anxiété et dépression.
Causes de la fibromyalgie
Il est extrêmement difficile de connaître les causes de la fibromyalgie car chez la plupart des patients, cette maladie se déclare sans forcément d’élément déclencheur apparent. Il n’y a pas de syndrome inflammatoire, ni de dommages visibles au niveau des tissus mous atteints. Pour le moment, les médecins et les chercheurs n’ont pas encore trouvé ce qui déclenche le syndrome fibromyalgique.
Cependant, des études récentes ont permis de conclure que la fibromyalgie est une altération du mécanisme de perception de la douleur situé au niveau du système nerveux central. En d’autres termes : chez un patient fibromylagique, les récepteurs de la douleur sont hypersensibles. Les stimuli non-douloureux (comme une pression) déclenchent une sécrétion anormale de substances chimiques indiquant la douleur au niveau du cerveau. De même, une douleur modérée va déclencher une réaction excessive et être perçue comme beaucoup plus forte.
Une cause possible serait le développement, au fil du temps, d’une sorte de « mémoire de la douleur » suite à une stimulation répétée des nerfs. Le patient développerait alors une hypersensibilité qui serait à l’origine des douleurs diffuses ressenties en permanence, alors même qu’aucune lésion n’est mise en évidence.
Dans la plupart des cas, la maladie se développe sans déclencheur connu. Mais chez certains patients, elle fait suite à un événement déterminant :
- Une pathologie infectieuse ou virale (maladie de Lyme, Covid-19…).
- Un traumatisme physique : accident, accouchement, chirurgie…
- Un traumatisme émotionnel : rupture amoureuse, décès d’un proche etc.
Quels sont les facteurs de risque de la fibromyalgie ?
Selon les chercheurs et les médecins, certains facteurs peuvent augmenter le risque de fibromyalgie :
- Le sexe et l’âge : les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes et il semblerait que la maladie apparaît plus fréquemment entre 40 et 50 ans.
- L’hérédité : une mutation génétique peut être à l’origine de la fibromyalgie.
- La sédentarité : en l’absence d’activité physique régulière, les risques sont plus élevés.
- Des antécédents personnels psychiques comme une dépression ou un sentiment d’isolement.
- Une autre maladie : par exemple, l’arthrose ou la polyarthrite rhumatoïde.
En outre, une étude empirique des cas de fibromyalgie a montré que le stress, l’anxiété ou une perte musculaire importante peuvent favoriser la chronicité de la maladie.
Diagnostic et traitement de la fibromyalgie
Il est très difficile de poser un diagnostic de fibromyalgie, car aucune technique d’observation médicale ne permet de détecter cette maladie. Il n’y a aucun dommage visible au niveau des tissus mous du corps. De plus, les symptômes d’une fibromyalgie peuvent être facilement confondus avec ceux d’autres conditions, notamment certaines maladies auto-immunes.
Pour détecter une fibromyalgie, les médecins s’appuient sur la description des symptômes par le patient. Aussi, ils procèdent par élimination en prescrivant des prises de sang et IRM.
Malheureusement, aucun traitement n’existe à ce jour pour guérir la fibromyalgie. Toutefois, il est possible de soulager la maladie en adoptant un mode de vie sain. Il est prouvé qu’une activité physique régulière et la réduction du stress au quotidien peut atténuer les douleurs ressenties par le patient.
La prise de médicaments n’est pas forcément utile ! La perception de la douleur en fibromyalgie est due à un mauvais traitement des stimuli par le cerveau. Pour soulager ses symptômes, le patient doit apprendre à communiquer un autre message à ses cellules. Cela passe également par le cerveau. C’est pourquoi on recommande souvent de se tourner vers des thérapies alternatives comme la méditation, la relaxation, l’hypnose, la psychothérapie et la sophrologie.
« C’est dans ta tête » : Comment gérer la fibromyalgie sur le plan social ?
Sur le plan social, la gestion des symptômes de la fibromyalgie est très compliquée. En effet, une personne atteinte du syndrome fibromyalgique paraît en très bonne santé et ses examens médicaux sont très bons. Rien n’indique, sur le papier, qu’elle est malade. Et pourtant, sa souffrance est bien réelle.
Pour cette raison, les patients atteints de fibromyalgie ne sont pas toujours pris au sérieux par leur entourage. Pire encore, ils vont couramment entendre des discours culpabilisants du type « C’est dans ta tête » ou « Tu iras mieux en prenant des antidépresseurs ». L’impression d’être incompris(e) entraîne un sentiment d’isolement et, bien souvent, du stress, de l’anxiété voire une dépression. La conséquence est, dans la plupart des cas, une aggravation des symptômes.
Pour éviter d’en arriver là, il est important que le patient atteint de fibromyalgie communique sur sa maladie. Plus les autres comprendront ce qu’il vit au quotidien, plus il pourra reprendre confiance en lui et en son ressenti propre.