Céphalées de tensions
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Chaque jour, des millions de personnes ressentent une douleur sourde, diffuse, comme un étau qui serre lentement leur tête. Ce ne sont pas des migraines, mais des céphalées de tension : la forme la plus fréquente et pourtant la plus sous-estimée. Liée au stress, à la fatigue, à une mauvaise posture, ou au serrement de la mâchoire, cette douleur modérée mais récurrente peut s’installer quotidiennement, affectant la vie personnelle, professionnelle et sociale.
Bien que généralement bénignes, les céphalées de tension peuvent devenir chroniques, durant plus de 15 jours par mois. Faut-il consulter ? Existe-t-il un traitement efficace ? Quels facteurs les déclenchent vraiment ? Et surtout : comment les prévenir ou les soulager sans tomber dans la surconsommation de médicaments ?
Il est donc essentiel d’apprendre à différencier une céphalée de tension d’une migraine. Reconnaître les différents types de migraine (avec ou sans aura, ophtalmique, chronique…) permet d’éviter les confusions et d’orienter plus efficacement la prise en charge.
Dans cet article, vous découvrirez les symptômes caractéristiques, les causes probables, les différences avec la migraine, et les meilleures mesures de gestion médicale et comportementale pour reprendre le contrôle.
Sommaire
Dans la population générale, 79 % d’entre nous font l’expérience au moins une fois dans leur vie d'une céphalée de tension. 3 % ont cependant des céphalées de tension chronique avec plus de 15 jours par mois de douleur. Tout comme dans la migraine, cette prévalence semble supérieure chez la femme. La céphalée de tension semble diminuer progressivement avec l’âge.
Dans une étude réalisée pendant un an chez des patients de 40 ans, les résultats rapportent que 48 % d’entre eux ont souffert d’au moins une céphalée de tension, 33 % de plusieurs et 2 % d’entre eux de manière chronique.
Une seconde étude a comparé la prévalence de la migraine par rapport aux céphalées de tensions. Il a été rapporté chez des patients de 26 ans que 11 % ont déclaré souffrir d’une céphalée de tension, alors que seulement 3 % d’entre eux se disent migraineux. Ainsi la céphalée de tension est très fréquente, la classification internationale des céphalées estime que cette prévalence est dans la population générale entre 30 et 78 %. Les écarts importants s’expliquent du fait de la difficulté du diagnostic et par les résultats contradictoires de plusieurs études épidémiologiques.
Nous aborderons ici sous le terme de migraine, la migraine sans aura. Le diagnostic entre la migraine et la céphalée de tension peut être difficile, du fait d’une part que le phénotype de la maladie peut être très proche et que bien souvent le patient qui a des céphalées fréquentes peut à la fois souffrir de migraines conjuguées à des céphalées tensions. Ces deux pathologies évoluent par crises de mal de tête, peuvent associer une sensibilité au bruit et à la lumière et associer des troubles de la sensibilité au niveau de la peau et des muscles. Toutes deux se subdivisent en deux sous-types « épisodique » et « chronique ». La céphalée de tension subdivise en plus le type épisodique en « peu fréquente » et « fréquente ».
Pour distinguer ces deux maux de tête, il faut premièrement considérer la qualité de la douleur . Dans la céphalée de tension, la douleur est légère à modérée alors que dans la migraine celle-ci peut être beaucoup plus importante jusqu’à être qualifiée de sévère. La durée de la crise est également nettement différente, la céphalée de tension peut durer de quelques minutes à plusieurs jours alors que la crise de migraine se limitera à 72 heures au maximum. La localisation de la douleur varie également, elle est majoritairement bilatérale dans la céphalée tension alors que dans la migraine elle sera le plus souvent localisée d’un seul côté de la tête. Le patient qui souffre de céphalées de tension va ressentir une sensation d’étau entre l’avant et l’arrière de la tête alors que le patient migraineux va lui ressentir une douleur pulsatile .
En conclusion, si ces maux de tête sont très souvent confondus les uns avec les autres il n’en reste pas moins des différences importantes qui doivent orienter le diagnostic. Nous avons répertorié dans le tableau ci-dessous les caractéristiques de céphalées. Il vous sera ainsi facile de vous y retrouver entre la céphalée de tension et la migraine.
En résumé, alors que la céphalée est un terme général désignant toute douleur dans la tête, la migraine est un type spécifique et souvent plus sévère de céphalée, avec des symptômes et des traitements uniques. La migraine est considérée comme une condition neurologique chronique qui nécessite souvent une prise en charge médicale plus spécialisée.
Les types de céphalée de tension : épisodique et chronique
| Type | Fréquence | Caractéristiques principales | Impact / Prise en charge |
|---|---|---|---|
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Céphalée de tension Épisodique peu fréquente |
Moins de 1 jour/mois (soit < 12 jours/an) |
Douleur diffuse, modérée, en bandeau. Non aggravée par l’activité physique. Aucun symptôme neurologique (pas de nausée, pas de photophobie). |
Aucun suivi nécessaire. Antalgique simple si besoin. Pas de traitement de fond requis. |
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Céphalée de tension Épisodique fréquente |
1 à 14 jours/mois (pendant ≥ 3 mois) |
Douleur plus fréquente, gênante au quotidien. Peut perturber le sommeil ou la concentration. Risque d’automédication excessive. |
Parfois avis médical utile. Stratégies de prévention (TCC, relaxation). Antalgiques ponctuels. |
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Céphalée de tension Chronique |
≥ 15 jours/mois (pendant > 3 mois consécutifs) |
Douleur constante ou quasi quotidienne. Sensation d’étau ou de pression diffuse. Souvent liée au stress ou à des troubles anxieux. |
Prise en charge médicale structurée indispensable. Traitement de fond, accompagnement psychologique. Techniques de gestion du stress. |
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Migraine (avec ou sans aura) |
Variable (épisodique ou chronique) |
Douleur pulsatile, souvent unilatérale. Symptômes associés : nausées, vomissements, photophobie, phonophobie. Possibles auras neurologiques. |
Nécessite un suivi médical. Médicaments spécifiques (triptans, anti-CGRP). Traitement de fond si migraine chronique. |
Céphalée primaire ou secondaire : une distinction essentielle
Toutes les céphalées ne se valent pas, et bien distinguer leur origine est fondamental pour poser un bon diagnostic. On parle de céphalée primaire lorsque la douleur constitue elle-même la maladie, sans autre cause identifiable : c’est le cas des céphalées de tension, mais aussi de la migraine ou de l’algie vasculaire de la face. À l’inverse, une céphalée secondaire est le symptôme d’un autre trouble sous-jacent. Elle peut être due à une infection (sinusite, méningite), un traumatisme crânien, une hypertension artérielle sévère, une tumeur cérébrale ou encore à la prise ou au sevrage d’un médicament.
Cette distinction guide la prise en charge : les céphalées primaires, bien que parfois très douloureuses, sont bénignes dans la grande majorité des cas, alors qu'une céphalée secondaire peut signaler une urgence médicale. Il est donc essentiel de consulter un médecin si la douleur est inhabituelle, soudaine, accompagnée de signes neurologiques, ou si elle s’aggrave progressivement.
La céphalée de tension se distingue par une douleur modérée à légère, décrite comme une sensation d’étau, de pression ou de serrement autour du crâne, souvent ressentie en bandeau. Elle peut toucher les deux côtés de la tête de manière symétrique, sans caractère pulsatile.
Contrairement à la migraine, la céphalée de tension n’est généralement pas accompagnée de nausées, de vomissements, ni d’une photophobie (sensibilité à la lumière) ou phonophobie (sensibilité au bruit). Elle ne s’aggrave pas avec l’activité physique légère.
La durée varie de 30 minutes à plusieurs jours . Elle survient de manière épisodique (moins de 15 jours par mois) ou chronique (plus de 15 jours par mois, sur au moins 3 mois).
On parle de céphalée de tension chronique lorsque les maux de tête sont présents plus de 15 jours par mois durant au moins 3 mois consécutifs . Cette forme peut avoir un retentissement important sur la vie quotidienne : fatigue, baisse de concentration, irritabilité.
Un risque majeur est celui de la surconsommation d’antalgiques, pouvant elle-même entraîner une aggravation des céphalées (céphalées induites par l’abus médicamenteux).
Il est alors essentiel de consulter un professionnel de santé, d’établir un diagnostic différentiel (exclure migraine ou pathologie secondaire) et d’envisager une prise en charge préventive personnalisée.
La tension musculaire est au cœur du mécanisme des céphalées de tension. Elle peut être provoquée par :
Une posture prolongée (devant un écran, en voiture, au téléphone)
Un oreiller inadapté ou une mauvaise position durant le sommeil
Un déséquilibre mandibulaire ou des troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM)
Des tensions dans les muscles cervicaux et du haut du dos
Les céphalées de tension sont fortement influencées par le stress, les états d’anxiété, le surmenage émotionnel, voire la dépression. Le manque de sommeil, le bruit ambiant, ou la lumière artificielle excessive peuvent également agir comme facteurs déclenchants.
Ces éléments n’agissent pas isolément mais s’accumulent dans un terrain prédisposé, favorisant l’apparition de douleurs chroniques.
Certains facteurs individuels augmentent le risque :
Le sexe féminin, souvent en lien avec les fluctuations hormonales
L’adolescence et la vie active, périodes de forte sollicitation émotionnelle ou cognitive
Une prédisposition génétique ou une hypersensibilité à la douleur
Le diagnostic de céphalée de tension repose avant tout sur un interrogatoire médical approfondi. Le médecin s’attarde sur :
La localisation de la douleur (bilatérale, frontale, en casque ou bandeau)
La fréquence et la durée des crises (inférieure ou supérieure à 15 jours/mois)
Les facteurs déclenchants ou aggravants (stress, posture, fatigue)
L’absence de symptômes associés typiques de la migraine (nausée, vomissement, photophobie)
Les critères diagnostiques de la Société Internationale des Céphalées (IHS) permettent de distinguer les céphalées de tension des autres types de maux de tête. Ils incluent :
Douleur bilatérale
Caractère non pulsatile
Intensité légère à modérée
Pas d’aggravation par l’activité physique
Pas de nausée ou de vomissement
Maximum un symptôme de photophobie ou phonophobie
Un journal de suivi des céphalées peut aider à établir un diagnostic plus précis et à repérer d’éventuelles tendances.
Dans la majorité des cas, aucun examen d’imagerie (IRM, scanner) n’est nécessaire pour poser le diagnostic de céphalée de tension. Toutefois, ils peuvent être prescrits :
En cas de céphalée récente et inhabituelle
Si la douleur augmente rapidement en intensité
S’il existe des signes neurologiques associés (troubles moteurs, confusion, paralysie, etc.)
Pour éliminer une pathologie secondaire grave (tumeur cérébrale, accident vasculaire cérébral, méningite, sinusite chronique...)
Les examens d’imagerie visent alors à rassurer le patient et à exclure d’autres diagnostics potentiellement plus sérieux.
Pour soulager une céphalée de tension épisodique, on peut avoir recours à des antalgiques en vente libre, à condition d’en faire un usage raisonné :
Paracétamol (acétaminophène) : efficace en première intention
Ibuprofène ou aspirine : anti-inflammatoires utiles en cas de douleurs résistantes
Attention : une surconsommation de ces médicaments (plus de 10 à 15 jours par mois) peut entraîner l’apparition de céphalées par abus médicamenteux, plus difficiles à traiter.
Il est également recommandé de se reposer dans un environnement calme, d’appliquer une compresse froide sur le front ou la nuque, et d’éviter les écrans et les lumières fortes.
En cas de céphalées de tension chroniques, une prise en charge au long cours peut s’avérer nécessaire. Les traitements de fond incluent :
Amitriptyline (antidépresseur tricyclique) : faible dose utilisée hors indication dépressive, efficace pour réduire la fréquence des douleurs
Autres antidépresseurs tricycliques ou inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) selon le profil du patient
Ces traitements sont souvent associés à des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) pour aider à gérer le stress, améliorer le sommeil et éviter les tensions psychiques chroniques.
Certaines approches naturelles ou alternatives ont prouvé leur efficacité en complément d’un traitement classique, notamment :
Acupuncture : peut réduire la fréquence des épisodes chroniques
Sophrologie, yoga, méditation pleine conscience : gestion du stress, meilleure écoute corporelle
Physiothérapie et kinésithérapie : correction posturale, détente musculaire, mobilisation douce du rachis cervical
Ces méthodes sont particulièrement pertinentes pour les patients réticents aux médicaments, ou en cas de céphalées induites par la surconsommation.
Les céphalées de tension, qu’elles soient épisodiques ou chroniques, peuvent sérieusement perturber la qualité de vie. Mais une approche proactive et personnalisée permet souvent de réduire leur fréquence et leur intensité. Cela passe par une meilleure hygiène de vie, des ajustements dans l’environnement quotidien, et un accompagnement médical adapté.
Certains gestes simples, appliqués régulièrement, permettent de prévenir les rechutes :
Activité physique douce et régulière : la marche, le yoga, la natation ou le Pilates favorisent la détente musculaire, améliorent la circulation sanguine et réduisent le stress.
Sommeil réparateur : se coucher et se lever à heures fixes, éviter les écrans avant de dormir, et créer un environnement calme favorisent un meilleur repos, indispensable à la récupération du système nerveux.
Alimentation équilibrée : limiter la caféine, les excès de sucre ou d’alcool, qui peuvent favoriser les tensions et déséquilibrer le rythme biologique.
Gestion du stress : la pratique régulière de techniques de relaxation (cohérence cardiaque, respiration abdominale) diminue l’hyperactivité du système nerveux central, souvent impliqué dans les céphalées de tension.
Les facteurs posturaux et ergonomiques jouent un rôle essentiel dans l’apparition des douleurs. Il est donc fondamental d’aménager son espace de vie et de travail :
Améliorer sa posture : maintenir le dos droit, la tête alignée avec la colonne vertébrale, éviter de se pencher en avant ou de croiser les jambes trop longtemps.
Ergonomie du poste de travail : écran à hauteur des yeux, chaise avec bon soutien lombaire, pauses fréquentes pour relâcher les épaules et le cou.
Éclairage adapté : éviter la lumière trop forte ou les reflets directs sur les écrans.
Limiter le bruit ambiant : notamment en open space ou en télétravail, pour réduire la stimulation sensorielle.
Vivre avec une céphalée de tension chronique peut être source d’incompréhension dans l’entourage personnel ou professionnel. Il est important de :
Dédramatiser la maladie : expliquer que la douleur est réelle, qu’elle n’est pas "dans la tête", et qu’elle peut être gérée.
Impliquer l’entourage : partager ses difficultés permet d’alléger la pression et d’obtenir du soutien (aménagements horaires, compréhension des absences ou baisses de forme).
Consulter régulièrement un professionnel de santé : un médecin généraliste, un neurologue ou un centre spécialisé dans les céphalées peuvent proposer un suivi adapté, ajuster le traitement, ou orienter vers une prise en charge pluridisciplinaire (kinésithérapeute, psychologue, ostéopathe...).
La céphalée de tension provoque une douleur diffuse, modérée, comme un bandeau qui serre la tête, sans nausées ni troubles visuels. À l’inverse, la migraine est souvent unilatérale, pulsatile, plus intense, et s’accompagne fréquemment de nausées, photophobie, ou d’une aura neurologique.
Les traitements reposent sur des antalgiques simples (paracétamol, ibuprofène) en cas de besoin ponctuel. En cas de céphalées fréquentes ou chroniques, la prise en charge inclut souvent des techniques de relaxation, des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), et des ajustements de mode de vie (sommeil, posture, gestion du stress).
Oui. On parle de céphalée de tension chronique lorsqu’elle survient plus de 15 jours par mois pendant au moins 3 mois. Cette forme, plus invalidante, nécessite une prise en charge médicale globale pour éviter la surconsommation de médicaments et limiter l’impact sur la qualité de vie.
Elles sont souvent liées à des facteurs mécaniques (mauvaise posture, tension cervicale), émotionnels (stress, anxiété), ou comportementaux (fatigue, serrement des dents). L’identification des déclencheurs est essentielle pour mettre en place une prévention personnalisée.