Causes et symptômes de la migraine
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Dans notre dossier "Bien comprendre la migraine", nous avons ici rassemblé l’essentiel pour comprendre les causes et symptômes de vos migraines.
Une douleur lancinante qui envahit la moitié du crâne. Une lumière trop vive. Un bruit soudain. Et c’est la survenue d’une crise migraineuse. Cette maladie neurologique, souvent chronique, touche chaque jour des millions de personnes dans le monde (adultes, enfants, hommes ou femmes) avec un retentissement majeur sur la qualité de vie.
La migraine est une maladie bien plus qu’un simple mal de tête. Elle se caractérise par une douleur intense, souvent pulsatile, accompagnée de troubles visuels, de nausées, de phonophobie, et parfois même d’aura ophtalmique. Sa fréquence varie selon les patients et les types : migraine épisodique, migraine chronique, cataméniale, ophtalmique, voire forme hémiplégique familiale.
Dans cet article, vous trouverez des informations claires pour comprendre les phases, mécanismes impliqués et envisager des traitements de crise ou de fond adaptés.
Objectif : vous aider à mieux comprendre les causes et identifier les symptômes pour soulager efficacement vos migraines.
Sommaire
La migraine est une maladie neurologique chronique caractérisée par des crises de céphalées modérées à sévères, souvent pulsatiles, unilatérales, accompagnées de nausées, photophobie et parfois d'une aura visuelle. Elle est à distinguer de la céphalée de tension, plus diffuse, moins intense, sans troubles associés, souvent causée par le stress ou la fatigue musculaire.
Pour en connaitre davantage sur l'anatomie de la migraine consultez notre article : Anatomie des méninges
Pour comprendre comment les structures cérébrales sont impliquées dans ces douleurs, consultez notre article dédié à l’anatomie de la migraine.
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Type de céphalée |
Douleur |
Localisation |
Symptômes associés |
Durée typique |
Facteurs déclenchants |
| Migraine |
Pulsatile, modérée à sévère |
Unilatérale (souvent) |
Nausées, vomissements, aura, photophobie |
4 à 72 h |
Hormones, stress, manque de sommeil, alimentation |
| Céphalée de tension |
Pression, modérée |
Bilatérale |
Pas ou peu |
30 min à plusieurs heures |
Stress, mauvaise posture |
La migraine touche plus d’un milliard de personnes dans le monde, en faisant la 2e cause de handicap neurologique selon l’OMS et le rapport Global Burden of Disease. Elle affecte particulièrement les femmes en âge de procréer, avec une prévalence 3 fois supérieure à celle des hommes, probablement en lien avec les fluctuations hormonales.
Migraine sans aura : la plus fréquente. Douleur unilatérale, pulsatile, aggravée par l’activité physique, accompagnée de nausées, photophobie, phonophobie. Pas de symptômes neurologiques précurseurs.
Migraine avec aura ou aura migraineuse : crise précédée de troubles neurologiques transitoires (visuels, sensitifs ou moteurs), appelés « aura ». L’aura dure généralement 20 à 60 minutes, précède la douleur ou s’y associe.
Certaines migraines avec aura pourraient impliquer un phénomène appelé dépression corticale envahissante, responsable des symptômes visuels précoces. En savoir plus dans notre article dédié à la dépression corticale envahissante et migraine.
Migraine chronique : plus de 15 jours de céphalées par mois dont 8 au moins sont migraineux, sur une période de 3 mois consécutifs. Elle est souvent aggravée par un abus médicamenteux.
Migraine ophtalmique : caractérisée par une paralysie transitoire d’un muscle oculaire, parfois associée à une douleur orbitaire intense.
Cas particuliers :
Migraine menstruelle : survient autour des règles, liée aux variations d’œstrogènes.
Migraine hémiplégique familiale : rare, avec aura motrice (faiblesse d’un côté du corps), d’origine génétique.
Migraine basilaire , vestibulaire , etc. (à mentionner en encadré ou fiche info).
La migraine est une maladie neurologique complexe dont les causes exactes ne sont pas encore totalement élucidées.
Plusieurs mécanismes, souvent associés entre eux, semblent intervenir dans la survenue des douleurs :
Des études génétiques montrent qu’il existe souvent une prédisposition familiale à la migraine, surtout dans les formes chroniques ou hémiplégiques. Cette prédisposition génétique rend certaines personnes plus sensibles aux facteurs déclenchants, à cause d’une hyperexcitabilité des neurones , en particulier au niveau du tronc cérébral.
Le rôle de la sérotonine , un messager chimique clé du cerveau, est central dans la régulation de la douleur migraineuse. Découvrez dans notre article comment la sérotonine influence la migraine.
Quand une crise débute, cette activité anormale dans le cerveau déclenche une cascade de réactions :
Perturbation du flux sanguin dans le cerveau (vasoconstriction puis vasodilatation),
Activation du nerf trijumeau, lié à la perception de la douleur dans la tête,
Libération de substances inflammatoires qui augmentent la douleur.
Ces mécanismes provoquent les symptômes typiques de la migraine :
Douleur lancinante d’un côté de la tête,
Sensibilité à la lumière et au bruit,
Troubles visuels,
Nausées et vomissements.
Cela montre que la migraine est bien une vraie maladie neurologique , avec des causes profondes et complexes.
La relation entre hormones et migraines est désormais bien documentée. Chez la femme migraineuse, les fluctuations hormonales (notamment des œstrogènes) sont l’un des déclencheurs les plus puissants. On parle alors de migraine cataméniale, survenant pendant les règles, mais aussi en période de grossesse, de post-partum, ou de ménopause.
Les contraceptifs oraux peuvent augmenter le risque de crise, notamment s’ils modifient brutalement les taux hormonaux. Une consultation médicale est donc recommandée pour toute prise en charge hormonale chez une patiente migraineuse.
La pilule est-elle déconseillée pour les femmes migraineuses ? Oui, surtout en cas de migraines avec aura, car certaines pilules combinées peuvent augmenter le risque d’AVC, ce qui nécessite un avis médical.
La grossesse protège-t-elle vraiment contre les crises ? Dans la majorité des cas, les crises diminuent ou disparaissent au cours du deuxième et troisième trimestre grâce à la stabilité hormonale.
Que faire en cas de migraines aggravées à la ménopause ? Un suivi médical s’impose pour adapter un traitement de fond ou envisager une hormonothérapie ciblée, en évitant les fluctuations hormonales brusques.
Lors d’une crise de migraine, les vaisseaux sanguins du crâne se dilatent anormalement , ce qui active une inflammation du système nerveux .
Ce phénomène, appelé inflammation neurogénique , stimule le nerf trijumeau , une structure clé dans la perception de la douleur au niveau de la tête, du crâne, des yeux ou des sinus.
Résultat :
Sensation de battements douloureux,
Maux de tête intenses,
Parfois aussi vision floue, nausées, ou une fatigue dépressive après la crise.
Ces mécanismes expliquent pourquoi la migraine est si pénible et invalidante pour les patients migraineux , et confirment qu’il ne s’agit pas d’un simple mal de tête.
Chez les personnes migraineuses, le cerveau présente une sensibilité accrue à certains stimuli sensoriels. Une exposition prolongée à une lumière vive, un bruit fort ou des odeurs intenses (parfum, produits ménagers, essence) peut suffire à déclencher une crise. Ces éléments agissent comme des signaux anormaux, perturbant le fonctionnement de circuits neuronaux déjà hyperactifs.
Le stress chronique, qu’il soit lié à des responsabilités professionnelles, familiales ou émotionnelles, constitue un facteur déclenchant bien documenté. Associé à un manque de sommeil, une hygiène de vie désorganisée ou des efforts cognitifs soutenus, il augmente significativement le risque de survenue des crises de migraine.
Par ailleurs, les troubles psychologiques comme l’anxiété généralisée ou la dépression sont fréquemment associés à une forme chronique de la maladie migraineuse, suggérant un lien fort entre santé mentale et intensité des maux de tête.
Le contenu de l’alimentation, les rythmes de repas ou encore certaines variations hormonales (comme lors du cycle menstruel) influencent directement la fréquence des crises. Des aliments bien connus pour leur effet déclencheur incluent le chocolat noir, les fromages affinés, les charcuteries, le vin rouge, les boissons énergisantes ou encore les excès de caféine. Découvrez notre article sur le lien entre café et maux de tête.
Mais la privation alimentaire (saut de repas, jeûne) est aussi un déclencheur important, en raison de l’effet sur le métabolisme et la glycémie.
Le lien entre glycémie instable et déclenchement de crise migraineuse est désormais reconnu. En particulier chez les patients diabétiques, la variation du taux de sucre dans le sang peut influencer la fréquence des crises. Pour en savoir plus, consultez notre article sur diabète, glycémie et migraine.
Certains médicaments, parfois prescrits pour d’autres pathologies (notamment les vasodilatateurs, certains hormones contraceptives ou les antalgiques consommés en excès) peuvent, à terme, aggraver le terrain migraineux. On parle alors d’abus médicamenteux, pouvant évoluer vers une céphalée chronique quotidienne.
Les changements climatiques brusques (chute de pression, froid sec, chaleur humide, montée en altitude) provoquent quant à eux une dilatation des vaisseaux crâniens, mécanisme clé de la douleur lancinante ressentie.
Enfin, des facteurs comme la consommation de tabac, l’alcool ou les parfums puissants représentent des déclencheurs environnementaux évitables, dont la réduction fait partie intégrante de la prise en charge globale.
Les migraineux expérimentent parfois, plusieurs heures ou jours avant la crise, une série de symptômes annonciateurs :
Ces signes précoces , bien que variables selon la personne, représentent une réponse du système nerveux à une excitation sensorielle anormale. Leur reconnaissance rapide permet d’envisager un traitement prophylactique ou une prévention ciblée (repos, hydratation, réduction du stress).
Lors de la phase aiguë d’une crise migraineuse , les symptômes atteignent un niveau d’intensité élevé , rendant difficile toute activité quotidienne. Cette période peut durer de quelques heures à plusieurs jours, selon le type de migraine et la réponse au traitement.
Parmi les manifestations les plus fréquentes :
Douleur pulsatile ou lancinante , souvent unilatérale (d’un seul côté de la tête)
Photophobie : sensibilité à la lumière, obligeant à s’isoler dans le noir
Phonophobie : intolérance au bruit, même modéré
Nausées et parfois vomissements
Hypersensibilité olfactive : certaines odeurs deviennent insupportables
Cas particulier :
Chez environ 15 à 30 % des patients, une aura migraineuse peut précéder ou accompagner la crise. Elle se traduit par des troubles visuels (scintillements, flashs lumineux, déformation du champ visuel) ou des symptômes plus rares comme la migraine ophtalmique , touchant un seul œil.
Après la phase douloureuse, débute le postdrome , souvent qualifié de « gueule de bois migraineuse ». Cette phase de récupération peut durer de 24 à 72 heures et reste souvent sous-estimée .
Les signes typiques incluent :
Une fatigue intense , parfois invalidante
Un brouillard mental : lenteur de pensée, trouble de la concentration
Une humeur dépressive , de l’irritabilité ou un sentiment de vide
Une diminution des capacités cognitives et physiques
Ces effets résiduels ont un retentissement réel sur la qualité de vie, le travail, la vie familiale ou sociale. Leur fréquence, leur durée et leur impact fonctionnel sont des critères clés pour envisager un traitement prophylactique adapté (toxine botulique, triptans, traitement hormonal, voire approches alternatives validées par essais contrôlés).
Certains patients présentent des complications comme le status migraineux (crise durant plus de 72 h), les migraines persistantes avec aura, ou un risque vasculaire accru. Pour en savoir plus, consultez notre article sur les complications possibles de la migraine.
Chez l’ enfant , la migraine se manifeste souvent de manière atypique , ce qui rend son diagnostic plus complexe que chez l’adulte. Plutôt qu’une douleur pulsatile localisée d’un côté de la tête , on observe fréquemment des symptômes digestifs (nausées, vomissements), une pâleur inhabituelle , ou des troubles du comportement comme l’ irritabilité , l’ apathie ou un retrait soudain . Ces signes peuvent survenir dès l’âge préscolaire, parfois même avant 6 ans, en particulier chez les enfants présentant une prédisposition génétique bien identifiée.
L’ International Headache Society recommande un examen clinique approfondi en présence de céphalées récurrentes , afin de distinguer la migraine d'autres pathologies neurologiques ou de céphalées de tension . Une attention particulière doit être portée à l’intensité, à la fréquence des épisodes et à leur retentissement sur la vie scolaire et sociale. Une prise en charge adaptée (rythme de vie régulier, réduction des stimuli sensoriels, alimentation équilibrée) peut prévenir la chronification .
Si la prévalence de la migraine est plus élevée chez la femme, la maladie migraineuse chez l’ homme reste sous-estimée et parfois même ignorée. Pourtant, selon une méta-analyse publiée dans The Lancet Neurology, les formes chroniques de migraine augmentent chez les hommes adultes, notamment dans des contextes de stress professionnel, de troubles du sommeil ou d’abus médicamenteux (antalgiques, triptans, vasodilatateurs).
Le diagnostic de migraine masculine est souvent retardé, car les symptômes sont parfois interprétés à tort comme de simples maux de tête liés à la fatigue ou au rythme de vie. Pourtant, les critères cliniques sont les mêmes : douleur lancinante, photophobie, intolérance au bruit, parfois troubles visuels. Une prise en charge médicale adaptée , associant traitement de fond et modification de l’hygiène de vie , peut améliorer nettement la qualité de vie des patients.
Chez les seniors, l’apparition d’une céphalée nouvelle ou d’une douleur persistante doit toujours alerter : une migraine tardive est rare et nécessite un examen clinique approfondi pour poser un diagnostic différentiel.
Les principaux pièges diagnostiques incluent :
AVC (accident vasculaire cérébral)
Artérite temporale (inflammation des vaisseaux temporaux)
Céphalée en grappe ou névralgie du trijumeau
Dans ce contexte, un traitement de la migraine ne doit être mis en place qu’après avoir exclu ces causes organiques via imagerie et bilan médical complet.
À savoir : selon l’ organisation mondiale de la santé , les céphalées secondaires augmentent après 60 ans, rendant indispensable une surveillance rapprochée et un traitement médicamenteux spécifique seulement après évaluation des risques (toxicité, interactions, efficacité variable).
La charge mentale est un concept issu des sciences sociales , qui désigne l'accumulation invisible des responsabilités, des tâches planifiées, des préoccupations et des décisions à gérer au quotidien. Cette charge cognitive constante, souvent non reconnue médicalement , pèse lourdement sur les individus déjà exposés à un stress chronique ou à un rythme de vie exigeant .
Lorsqu’elle devient excessive, la charge mentale s’accompagne d’un état de tension psychique continue , qui peut agir comme facteur déclencheur ou modulateur des crises de migraine, en particulier chez les personnes migraineuses au système nerveux déjà hyperexcitable.
La double journée, la surcharge de travail, l’ hyperstimulation sensorielle (notamment liée à la gestion multitâche), et le manque de récupération mentale peuvent amplifier la vulnérabilité neuronale. Des études qualitatives et des enquêtes en neurosciences montrent que ce stress diffus, souvent non identifié comme pathogène, entraîne :
une augmentation de la fréquence des crises de migraine
une intensité plus forte des symptômes (douleur pulsatile, nausées, photophobie…)
un retentissement accru sur la qualité de vie quotidienne
Sur le plan biologique, cette surcharge émotionnelle et cognitive favorise une désinhibition du tronc cérébral , impliqué dans les mécanismes déclencheurs de la migraine, et participe à l’entretien du cercle migraine-tension-anxiété-fatigue.
L’impact de la charge mentale sur les troubles neurologiques fonctionnels comme la migraine reste encore sous-estimé par les professionnels de santé. Pourtant, sa prise en compte dans le diagnostic de migraine et la mise en place de stratégies de prévention personnalisées pourrait améliorer :
la prise en charge des patients migraineux
la fréquence des crises grâce à une meilleure gestion de l’environnement cognitif
l’efficacité des traitements médicamenteux ou non
Des outils comme des protocoles d’auto-observation ou des applications de suivi du niveau de charge mentale pourraient être intégrés dans la prise en charge prophylactique, au même titre que les journaux de migraines classiques.
Oui. Certaines formes de migraine, dites « migraine sans céphalée » ou « migraine silencieuse », se manifestent uniquement par des symptômes neurologiques (troubles visuels, nausées, vertiges, troubles de la parole…) sans douleur. Elles sont souvent sous-diagnostiquées, mais doivent être prises au sérieux, car elles peuvent mimer d'autres pathologies plus graves.
Les deux, selon les personnes. La caféine peut soulager certaines crises légères en resserrant les vaisseaux dilatés du cerveau. C’est pourquoi elle est parfois utilisée en complément de certains antalgiques. Mais une consommation excessive ou irrégulière (effet de sevrage) peut aussi déclencher des migraines. L’effet du café varie donc d’un patient à l’autre.
Oui. La migraine a une composante génétique avérée, surtout dans les formes chroniques ou hémiplégiques. Avoir un parent migraineux augmente significativement le risque de développer soi-même des crises. Des mutations sur certains gènes régulant l’excitabilité neuronale ont été identifiées dans les formes rares comme la migraine hémiplégique familiale.
Consultez rapidement en cas de :
Céphalée brutale et intense, différente des crises habituelles
Trouble de la parole, paralysie, perte de conscience
Fièvre ou raideur de la nuque
Apparition après 50 ans d’une migraine nouvelle