Types de migraines
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Dans notre dossier "Bien comprendre la migraine", nous avons rassemblé l’essentiel pour mieux connaître, comprendre et soulager les différents types de migraines.
Vous croyez connaître la migraine ? Ce n’est pas un simple mal de tête, mais une maladie neurologique aux multiples causes et symptômes. Stress, variations hormonales, facteurs génétiques, troubles vasculaires ou stimulation sensorielle excessive peuvent provoquer des crises marquées par des douleurs pulsatiles, des troubles visuels, des nausées, des vertiges, une hypersensibilité à la lumière ou au bruit, voire des troubles du langage ou une faiblesse musculaire. La douleur peut apparaître d’un seul côté de la tête ou sur toute la face, et durer de quelques minutes à plusieurs jours.
Certains patients vivent avec cette maladie chronique depuis l’enfance, d’autres la découvrent brutalement à l’âge adulte après un épisode sévère. Il existe également des types de migraines plus rares, comme la rétinienne, la vestibulaire ou l’hémiplégique, associées à des risques neurologiques graves, comme l’infarctus cérébral.
Pour les médecins, chaque diagnostic ouvre une nouvelle classification, un traitement ciblé et des précautions spécifiques. Reconnaître les différentes formes, c’est déjà commencer à mieux les traiter et à retrouver une qualité de vie. Alors, quel est votre type de migraine ?
Sommaire
La migraine est reconnue par l’International Headache Society (IHS) comme un trouble neurologique primaire, caractérisé par des crises récurrentes de céphalées modérées à sévères, souvent unilatérales et pulsatiles, pouvant durer de 4 à 72 heures et associées à des symptômes comme les nausées, la photophobie la phonophobie, ou encore des troubles visuels.
Contrairement à une céphalée de tension, plus diffuse et modérée, la migraine s’impose souvent par son intensité, son caractère invalidant et son caractère évolutif, avec des facteurs déclenchants identifiables (stress, lumière, hormones…).
La migraine n’est pas causée par une anomalie vasculaire isolée , mais par un déséquilibre neurologique impliquant plusieurs structures cérébrales.
La migraine débute dans le tronc cérébral, avec une hyperexcitabilité neuronale et l’activation du système trigémino-vasculaire. Cela entraîne la libération de neuropeptides inflammatoires (comme le CGRP), une vasodilatation des vaisseaux méningés, et la sensibilisation des fibres nociceptives, responsables de la douleur.
Le nerf trijumeau est au cœur du processus : il transmet les signaux douloureux du visage et de la boîte crânienne. Son activation excessive explique la douleur frontale, temporale ou orbitaire typique de nombreuses crises migraineuses.
Chez certains patients, la migraine est précédée d’une aura, un phénomène neurologique transitoire, souvent visuel (éclairs, flou, taches). Cette aura serait liée à une dépression corticale envahissante : une vague d’ inhibition neuronale qui se propage dans le cortex cérébral.
Par ailleurs, les fluctuations hormonales (œstrogènes notamment), les neurotransmetteurs comme la sérotonine, ou encore des facteurs génétiques influencent la fréquence et la sévérité des crises.
La migraine n’est pas une maladie uniforme. Selon la classification internationale ICHD-3, il existe plusieurs types de migraines, aux symptômes, durées et facteurs déclenchants très différents. Identifier son type de migraine est essentiel pour poser un bon diagnostic, adapter le traitement, et anticiper les complications. Voici les formes principales, qu’elles soient fréquentes ou plus rares.
C’est la forme typique, qui touche la majorité des patients migraineux. Elle se manifeste par des douleurs pulsatiles souvent unilatérales, localisées au niveau de la tempe, de l’ œil ou de la face. Elle est associée à des nausées, une photophobie et une phonophobie.
Durée : de 4 à 72 heures
Fréquence : variable, de quelques épisodes par mois à plusieurs par semaine
Facteurs déclenchants : stress, manque de sommeil, stimulation sensorielle, hormones…
Elle n’est pas précédée d’une aura, mais peut être précédée de prodromes (fatigue, fringale, irritabilité…).
Avant la céphalée migraineuse, le patient ressent des troubles neurologiques transitoires appelés auras . Elles peuvent être :
Visuelles : éclairs, flou, lignes en zigzag, taches scintillantes
Sensitives : fourmillements, engourdissement d’un côté du corps ou du visage
Aphasiques : difficultés à parler ou comprendre les mots
Motrices (rare) : faiblesse d’un membre
L’aura dure généralement 20 à 60 minutes, suivie d’un mal de tête classique ou parfois absent (migraine avec aura sans céphalée).
À ne pas confondre avec un accident ischémique transitoire (AIT).
On parle de migraine chronique lorsque les crises surviennent 15 jours ou plus par mois pendant 3 mois, dont au moins 8 jours avec symptômes migraineux typiques.
C’est une forme invalidante, qui entraîne souvent une fatigue extrême, une baisse de concentration, un isolement social et un recours fréquent aux médicaments anti-inflammatoires ou triptans.
Impact majeur sur la qualité de vie, la santé mentale (anxiété, dépression) et le fonctionnement quotidien.
Cette forme spécifique survient de manière récurrente en lien avec le cycle menstruel. Elle est liée aux variations brutales d’œstrogènes, en particulier juste avant les règles.
Périodes à risque : règles, ovulation, post-partum, périménopause
Souvent plus sévère, plus longue, moins réactive aux traitements de crise
Un traitement hormonal ou une stratégie préventive ciblée peut être proposée par le médecin.
C’est l’un des types les plus rares et impressionnants. Elle provoque une faiblesse musculaire temporaire ( hémiplégie ) d’un côté du corps, parfois associée à une perte de langage, une confusion ou une vision floue.
Il en existe deux formes :
Familiale : antécédents génétiques connus
Sporadique : aucun antécédent, forme isolée
Peut imiter un AVC → urgence médicale absolue
Cette forme touche l’équilibre plus que la tête. Elle se manifeste par :
Vertiges sévères, étourdissements, nausées
Hypersensibilité au mouvement ou aux stimuli visuels
Parfois accompagnée ou non de céphalée
Elle est souvent sous-diagnostiquée, et touche fréquemment les femmes entre 20 et 40 ans.
Peut être confondue avec des troubles de l’oreille interne.
C’est une forme localisée, caractérisée par :
Une perte de vision temporaire d’un seul œil
Parfois associée à une douleur orbitaire ou frontale
Sans autre cause ophtalmologique retrouvée
Elle peut durer de quelques minutes à une heure et justifie une consultation urgente, notamment pour éliminer un infarctus rétinien.
Souvent observée chez l’enfant, mais aussi chez certains adultes, cette forme se manifeste sans céphalée, mais avec :
Douleurs abdominales centrales, diffuses, paroxystiques
Nausées, vomissements, pâleur
Sensibilité au bruit ou à la lumière
Elle est souvent précédée ou suivie d’un épisode migraineux classique, ce qui facilite le diagnostic différentiel.
Cette forme rare peut évoluer vers une migraine typique à l’adolescence.
Type de migraine |
Symptômes principaux |
Durée |
Âge typique |
Déclencheurs fréquents |
Gravité |
|---|---|---|---|---|---|
Migraine sans aura |
Douleur unilatérale, nausées, photophobie |
4-72h |
Adulte jeune |
Stress, lumière, hormones |
Modérée à sévère |
Migraine avec aura |
Troubles visuels/sensitifs, aphasie |
1h (aura) + céphalée |
Adulte |
Fatigue, bruit, émotions |
Variable |
Migraine chronique |
>15 jours/mois, douleur persistante |
Variable |
Adulte |
Médication excessive |
Élevée |
Migraine cataméniale |
Crises autour des règles |
12-48h |
Femme 20-45 ans |
Variations hormonales |
Élevée |
Migraine hémiplégique |
Paralysie, confusion, aura motrice |
Heures |
Tous âges |
Génétique |
Très élevée |
Migraine vestibulaire |
Vertiges, étourdissement, nausées |
Minutes à heures |
Femme 20-40 ans |
Mouvement, lumière |
Moyenne à élevée |
Migraine ophtalmique / rétinienne |
Perte de vision unilatérale |
<60 min |
Adulte |
Stress visuel |
Urgence |
Migraine abdominale |
Douleurs abdominales, nausées |
1-72h |
Enfant |
Jeûne, stress |
Moyenne |
Certaines douleurs de la tête, bien que sévères, ne relèvent pas de la migraine au sens médical du terme. Il est essentiel de les reconnaître, car leur prise en charge, leur cause et leur traitement diffèrent considérablement. Voici les trois principales formes de céphalées ou névralgies qui peuvent être confondues avec une migraine.
C’est la céphalée la plus fréquente dans la population générale. Elle est souvent sous-estimée, car moins invalidante, mais peut devenir chronique si elle n’est pas prise en charge.
Douleur bilatérale, diffuse, en « casque » ou en « étau »
Sensation de pression ou de serrement
Pas de nausées, ni de photophobie marquée
Pas de pulsation ni d’aggravation au mouvement
Durée de quelques heures à plusieurs jours
Souvent liée au stress, à une mauvaise posture, ou à une tension musculaire cervicale .
Parfois appelée « céphalée suicide » en raison de sa violence extrême, cette algie vasculaire est une forme de céphalée très spécifique, encore trop peu connue.
Crises paroxystiques de douleur unilatérale (souvent autour de l’ œil )
Intensité insoutenable, en coup de poignard, parfois nocturnes
Dure 15 à 180 minutes, jusqu’à 8 fois par jour
Associée à des signes autonomes : œil larmoyant , rouge, nez bouché du même côté
Survient par périodes de quelques semaines à mois
À distinguer d’une migraine ophtalmique : ici, la douleur est brève mais brutale, avec des signes vasculaires marqués.
Ce sont des douleurs d’origine nerveuse, liées à l’irritation ou à la compression d’un nerf crânien, le plus souvent à la base du crâne ou sur la face.
Douleur localisée à l’arrière du crâne, irradiant vers la nuque ou la tempe
Douleur brève, fulgurante, déclenchée par le mouvement ou la pression
Souvent confondue avec une migraine cervicale
Douleurs courtes mais intenses en décharges électriques, localisées sur la joue, le nez, ou la mâchoire
Déclenchées par le toucher, le vent, le brossage des dents, le parler
Crises paroxystiques pouvant durer des semaines
Ces névralgies ne sont pas accompagnées de nausées, photophobie ni d’autres symptômes neurologiques typiques de la migraine.
| Type de douleur | Localisation | Caractéristiques clés | Durée typique | Symptômes associés |
|---|---|---|---|---|
| Céphalée de tension | Bilatérale (en casque) | Pression, tension, modérée | Heures à jours | Pas de nausées ni photophobie |
| Algie vasculaire de la face | Unilatérale (autour œil) | Coup de poignard, larmoiement, nasalité | 15-180 min | Très intense, répétée |
| Névralgie d’Arnold | Nuque, occiput, tempe | Fulgurante, en décharge électrique | Secondes à minutes | Déclenchée par les mouvements |
| Névralgie du trijumeau | Face, joue, mâchoire | Douleur intense, brève, électrisante | Secondes | Déclenchée au contact |
La migraine n’épargne aucune tranche d’âge, mais sa présentation, son diagnostic et sa prise en charge peuvent varier considérablement selon les populations vulnérables. Ces formes sont parfois sous-diagnostiquées ou mal interprétées, ce qui complique l’accès à un traitement adapté.
Chez l’enfant, la migraine est fréquente, mais souvent méconnue. Sa présentation est atypique et peut dériver de la forme adulte.
Durée plus courte : souvent moins de 2 heures
Douleur bilatérale (et non unilatérale)
Irritabilité, pâleur, sensibilité au bruit ou à la lumière
Troubles digestifs au premier plan : nausées, vomissements, douleurs abdominales
Parfois sans céphalée, ce qui complique le diagnostic différentiel
Ces migraines sont parfois précédées d’une aura ou d’un comportement particulier (bâillements, difficulté à se concentrer…). Elles peuvent évoluer, à l’adolescence, vers une forme plus typique .
La grossesse entraîne des modifications hormonales importantes , qui peuvent améliorer , aggraver ou modifier le profil migraineux selon les trimestres.
La migraine sans aura s’améliore souvent après le 1er trimestre
La migraine avec aura peut persister, voire s’aggraver
Risque augmenté de pré-éclampsie chez les migraineuses avec aura
Traitements de crise limités :
Contre-indication des triptans (selon trimestre)
Attention aux AINS (évités au 3e trimestre)
Paracétamol en première intention , sous contrôle médical
Stratégies non médicamenteuses privilégiées :
Hygiène de vie , sommeil , alimentation
Méthodes douces : acupuncture , relaxation , neurostimulation
Suivi par un médecin ou une sage-femme formés à la migraine
Il est indispensable de ne pas banaliser une migraine inhabituelle ou très douloureuse pendant la grossesse : certaines crises peuvent mimer un AVC ou une pathologie vasculaire grave.
La migraine après 60 ans est plus rare mais pas impossible. Elle nécessite une vigilance accrue, car certains signes d’alerte neurologiques peuvent être confondus avec des pathologies graves.
Moins de céphalées typiques
Plus de troubles visuels, aura prolongée, faiblesse motrice
Moins de nausées ou de photophobie
Crises parfois dépourvues de douleur (migraine "sans céphalée")
La réévaluation thérapeutique est indispensable :
Vérification des interactions médicamenteuses
Surveillance de la fonction rénale et hépatique
Approches non médicamenteuses favorisées si comorbidités
Le traitement de la migraine repose sur deux piliers : soulager les crises lorsqu’elles surviennent et prévenir leur répétition. Selon le type de migraine, la fréquence des épisodes et la réponse aux traitements, les stratégies thérapeutiques peuvent varier. Une approche personnalisée, souvent multimodale, est indispensable.
Consulter l'article dédié aux médicaments pour en savoir plus : Les médicaments contre la migraine
Les plus fréquents sont la migraine sans aura et la migraine avec aura. La première se manifeste sans signes neurologiques préalables, tandis que la seconde est précédée de troubles visuels ou sensitifs appelés aura.
Il faut observer la localisation, la durée, les symptômes associés (aura, vomissements, vertiges…) et la fréquence des crises. Un journal de migraine et une consultation médicale permettent de poser un diagnostic précis.
Non, seules certaines femmes sont sensibles aux variations hormonales. La migraine menstruelle survient généralement dans les deux jours avant ou après les règles, mais ne concerne pas toutes les menstruations.
La migraine chronique (plus de 15 jours par mois) et la migraine hémiplégique sont parmi les plus handicapantes. Elles nécessitent souvent un suivi neurologique spécialisé et un traitement de fond.